Gauguin, de la Bretagne à Tahiti

La Fondation Gianadda expose des œuvres moins connues, postérieures à 1873

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 518 mots

La Fondation Pierre Gianadda à Martigny propose cet été une grande rétrospective de l’œuvre de Paul Gauguin. Le commissaire de l’exposition Ronald Pickvance, à qui l’on doit déjà « Degas sculpteur » et « Manet », a choisi de présenter des peintures datant d’après 1873.

MARTIGNY - 1873, Gauguin rentre en France. Il a été pilotin dans la marine marchande de 1865 à 1868, puis militaire dans la marine de 1868 à 1871, et a ensuite séjourné en Scandinavie. Le jeune homme est alors âgé de vingt-cinq ans. En exposant ici des œuvres de jeunesse, Ronald Pickvance propose un rééquilibrage, surtout pour le grand public, entre les peintures datant de sa période tahitienne et cette époque moins connue mais au cours de laquelle la ma­nière de Gauguin est tout aussi innovante.

La pre­mière partie est consacrée à ses paysages et aux natures mortes exécutées jusqu’en 1885. Ces années voient son style largement évoluer, passant de l’Impressionnisme au Postimpressionnisme et au Symbolisme. Une évolution qui s’accomplit notamment en 1885, lors de son premier voyage en Bretagne. Arrivé à Pont-Aven, Paul Gauguin y découvre un style de vie inédit, lui qui avait auparavant travaillé quelques années à la Bourse comme agent de change, avant de connaître la misère. Recherchant un certain “exotisme”, pour ne pas dire “primitivisme”, le peintre choisit la Bretagne, seule destination “exotique” que ses finances lui permettent. Il y découvre un monde nouveau, une culture primaire et une certaine proximité avec la nature. En compagnie
d’Émile Bernard, qui a jeté les bases du synthétisme, il y adopte une nouvelle ma­nière de peindre, multipliant les larges aplats de couleurs arbitraires cernés de noir. À la fin de 1891, après de nombreux séjours en Bretagne et un voyage à Arles où il a rejoint Van Gogh avant de violemment s’en séparer, Gauguin s’embarque pour les mers du Sud, dans une nouvelle fuite de la civilisation occidentale. Il s’installe dans les îles de 1891 à 1893, puis de 1895 jusqu’à sa mort, en 1903, à Atuona. Ici commence sa période la plus célèbre, que l’exposition de Martigny illustre avec des œuvres moins connues, choisies dans un souci constant de proposer aux visiteurs des surprises et des découvertes. À côté des peintures, sont également réunis des aquarelles, des dessins, des lithographies, des xylographies, des monotypes et des sculptures. Provenant des grands musées européens et américains ou issues de collections privées, près de cent vingt œuvres sont présentées.

Gauguin à Munich et Essen
D’autres expositions mettent à l’honneur le peintre français, cet été : “Gauguin et l’école de Pont-Aven” à la Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung de Munich, du 29 août au 15 novembre, et “Paul Gauguin, le Paradis perdu” au Museum Folkwang de Essen, jusqu’au 18 octobre.

À Martigny, les nouveaux espaces souterrains réservés à la collection accueillent dix œuvres importantes mises en dépôt à long terme par les collectionneurs Louis et Evelyn Franck : deux Cézanne, deux Van Gogh, trois Ensor, et des tableaux signés Toulouse-Lautrec, Kees van Dongen et Picasso.

PAUL GAUGUIN, jusqu’au 22 no­vembre, Fondation Pierre Gianadda, 59 rue du Forum, Martigny (Suisse), tél. 41 27 722 39 78, tlj 9h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Gauguin, de la Bretagne à Tahiti

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