Friant, une exposition gourmande

Son chef-d’œuvre, La Toussaint, est même un des tableaux les plus aimés du Musée des beaux-arts de Nancy. Il faut dire qu’entre le peintre et sa ville d’adoption il s’agit d’une véritable histoire d’amour et de fidélité. En 1872, la modeste famille Friant quitte la Moselle annexée pour Nancy, où le jeune Émile mettra à profit ses talents à l’école de dessin, avant d’achever sa formation aux Beaux-Arts de Paris grâce à une bourse municipale. L’artiste n’oubliera jamais ce soutien, il reviendra souvent peindre sur les bords de Meurthe et léguera son fonds d’atelier au musée de la place Stanislas. Nul autre établissement ne pouvait donc organiser sa première grande rétrospective. Et Nancy remplit parfaitement le contrat, en signant un bel hommage sans verser dans l’éloge dithyrambique. Par exemple, l’exposition analyse avec finesse ses méthodes de composition tout en pointant leurs limites esthétiques. À côté de ses incontournables, le parcours donne également à voir des tableaux moins connus, qui mettent en lumière les multiples registres auxquels il s’est essayé, ainsi que de nombreux dessins qui soulignent son brillant coup de crayon. Ce parcours gourmand est porté par une scénographie inventive et cosy qui évoque tantôt l’atmosphère d’une salle de classe de l’Académie, tantôt celle du Salon.