Dans la famille Fragonard, je demande le fils ! Nettement moins célèbre que son paternel, Alexandre-Évariste Fragonard était en effet lui aussi artiste.
Et pas des moindres. Il faut dire que de bonnes fées se sont penchées sur son berceau puisqu’il a été l’élève de son père mais aussi de David : c’est-à-dire tout simplement le peintre le plus influent de l’époque ! De quoi stimuler un talent précoce et faire d’Alexandre un des plus jeunes exposants de l’histoire du Salon. Notre prodige y présente ainsi ses premières œuvres à 13 ans à peine ! Dessinateur virtuose, il fut un peintre prolifique, mais aussi un collaborateur privilégié de la manufacture de céramique de Sèvres et de celle des Gobelins, auxquelles il fournit des modèles de décors, de tapisseries et de papiers peints, sans oublier son rôle de concepteur de costumes d’opéras pour l’Académie royale de musique. Il fut également un important illustrateur, qui participa à l’un des plus grands chantiers éditoriaux du XIXe siècle : les Voyages pittoresques. N’en jetez plus ! Pourtant, ce touche-à-tout, qui fut de tous les projets majeurs de son temps et qui anticipa certaines thématiques cruciales des romantiques, avait brutalement sombré dans les limbes. Le Musée d’Angoulême y remédie en programmant sa toute première exposition rétrospective. Une sélection pointue permet d’aborder tous les pans de son étourdissante carrière et ménage une place de choix à la facette la plus séduisante de sa production : les vies d’artistes. Une réhabilitation réjouissante.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : Fragonard sort de l’ombre du père
