Le Musée national Reina Sofia, à Madrid, propose, à travers une riche programmation, de voir ou revoir certains des travaux cinématographiques les plus emblématiques du mouvement Fluxus.
MADRID (de notre correspondant) - Malgré les nombreuses manifestations organisées au cours de la dernière décennie, en particulier l’exposition anthologique de 1990 à Venise, le mouvement Fluxus reste encore largement méconnu. À l’exception du travail de Nam June Paik, de Robert Filliou ou de Yoko Ono, les artistes qui ont appartenu à ce mouvement n’ont obtenu qu’une très faible reconnaissance internationale. Aussi, le département audiovisuel du Musée Reina Sofia, à Madrid, propose de découvrir un ensemble d’œuvres cinématographiques signées par des artistes Fluxus. Les spectateurs peuvent ainsi voir ou revoir des réalisations aussi importantes que Global Groove de Nam June Paik et Charlotte Moorman, un des exemples les plus frappants de la façon dont le Coréen utilisait des éléments en provenance de sources les plus diverses et, plus particulièrement, de la télévision. Le cycle comprend d’autres œuvres qu’il a conçues pour le grand écran, comme Zen for Film (1962-1964), un manifeste cinématographique de Fluxus à sa manière, par sa dimension d’œuvre née du hasard, par sa recherche de la simplicité, tout en donnant de l’importance à la dimension physique du matériau. Ces films ont pour point commun un cinéma dépouillé de ses traits les plus banals, évitant notamment les développements narratifs. D’autres œuvres comme Number 4 de Yoko Ono ou Police Car de John Cale sont projetées, ainsi que de nombreux films de Paul Sharits, de Robert Watts et de Vostell. Ce programme permet également de mieux cerner l’évolution de chacun des artistes. Ainsi, après son film qui montrait une allumette enflammée, Yoko Ono a essayé d’aborder les questions de l’agressivité de la caméra ou de l’image en mouvement. Dans Rope, un long-métrage tourné en 1969 avec la collaboration de John Lennon, elle a suivi pendant deux jours une jeune immigrée dans Londres. D’autres œuvres documentent des performances, telles celles réalisées par Ben Vautier, ou des entretiens, comme celui de Shigeko Kubota réalisé à Maciunas. Certains films érotiques de Carolee Schneemann sont en revanche des versions cinématographiques de performances déjà réalisées. La programmation est complétée par des documentaires réalisés récemment sur le mouvement et des soirées musicales. Cet ensemble vaste et polymorphe permet ainsi d’appréhender globalement l’activité cinématographique de et autour de Fluxus.
- Fluxfilms, jusqu’au 17 juillet, Musée National Reina Sofia, Santa Isabel 52, Madrid, tél. 34 91 467 51 61, tlj sauf mardi 10h-21h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Fluxus sur grand écran
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°149 du 17 mai 2002, avec le titre suivant : Fluxus sur grand écran