Dans la première moitié du XVe siècle, et en particulier sous le règne de Cosme de Médicis, Florence est un centre artistique exceptionnellement fécond. L’architecte Brunelleschi, les sculpteurs Donatello et Ghiberti, le peintre Masaccio, pour ne citer qu’eux, forgent un art nouveau, celui de la première Renaissance. Cette floraison artistique confère à la cité un prestige incomparable que les Médicis ont soin de cultiver. Si la première Renaissance se déroule sous l’égide de l’architecture à la faveur des grands chantiers patronnés par Cosme, l’art des années 1470-1480 est marqué par l’effervescence intellectuelle, l’érudition, la passion de l’Antiquité que partagent les poètes et les savants humanistes. Entre ces deux périodes s’est accomplie cette « réintégration de la forme classique et du sujet classique » (Saxl et Panofsky), qui sera décisive pour l’évolution de la culture occidentale. De cet art raffiné et cultivé, qui privilégie l’allégorie et la fable antique, Botticelli offre les plus beaux exemples, avec des œuvres telles que Le Printemps, La Naissance de Vénus ou encore Vénus et Mars. Filippino Lippi, le plus prosaïque Domenico Ghirlandaio, et les peintres sculpteurs Verrocchio, Antonio et Piero Pollaiuolo, sont les autres « vedettes » de l’époque, et de l’exposition. L’arrivée à Florence en 1482 du Triptyque Portinari, de Hugo Van der Goes, et le passage de Antonello de Messine, qui remonte la péninsule jusqu’à Venise, en donnant l’exemple des possibilités nouvelles offertes par la peinture à l’huile, contribuent à infléchir l’art florentin vers une sensibilité plus grande au paysage. Ce dont témoigne avec éclat le fameux Martyre de saint Sébastien de Pollaiuolo. Mais c’est le jeune Léonard de Vinci qui en tirera les leçons décisives. L’ange qu’il peint dans Le Baptême du Christ de Verrocchio, dont il est l’élève de 1469 à 1475, révèle des préoccupations nouvelles, de lumière et d’espace sensible, qui annoncent la fin du style « dur » et ligneux du Quattrocento florentin.
En complément à cette grande manifestation, la National Gallery présente une exposition-dossier autour de l’un des joyaux de sa collection La Nativité mystique de Botticelli. L’œuvre fut peinte en 1500, huit ans après la mort de Laurent de Médicis, et deux ans après celle du moine prédicateur Savonarole, qui avait subjugué Florence par ses imprécations apocalyptiques et ses autodafés, avant de finir lui-même sur le bûcher. Botticelli renonça aux sujets païens et peignit cette Nativité où se reflète la pensée du moine. Une inscription en grec en livre le sujet : c’est la Nativité comme triomphe du règne divin devant advenir après l’Antéchrist, identifié aux événements qui venaient de bouleverser Florence.
LONDRES, National Gallery, jusqu’au 16 janvier et 19 novembre-6 février pour le dossier Botticelli.
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A Florence autour de 1470
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : A Florence autour de 1470