Centre hégémonique au xixe, Paris assignait la France à n’être que sa vaste périphérie. Mais Lyon d’effectuer brillamment sa révolution copernicienne avec une théorie de la relativité… artistique.
Fidèle à son ambition, le musée des Beaux-Arts de Lyon interroge la notion d’« école lyonnaise » de 1800 à 1914, date de l’exposition internationale de la ville de Lyon, avec pour éléments de réponse des œuvres issues de ses collections ainsi qu’une centaine de prêts exceptionnels.
Foyer de l’Antiquité, ancienne capitale des Gaules, berceau français de la chrétienté, Lyon peut en effet se targuer d’un prestigieux passé apte à convoquer une partie substantielle de l’art européen.
Au départ, le genre troubadour succède à la peinture de fleurs
Baptisée comme telle au Salon de 1819, l’« école de Lyon » participe d’une relative perméabilité, voire indistinction. À la peinture de fleurs, étroitement liée à la soierie, succède le genre troubadour, incarné par Pierre Révoil et Fleury Richard et qu’imposait la forte empreinte médiévale de la cité lyonnaise.
Dès lors et à leur suite, cette « école », mobilisée par de nombreuses tendances, désigne rapidement un style précieux et enclin à la pondération ainsi que l’atteste la fertilité de la peinture de paysage, où excelleront notamment Adolphe Appian et Louis Carrand.
Une représentation austère et « philosophique »
Religieuse, la ville consacre bientôt un art recueilli fondé sur la prévalence de l’austérité et qui, inspiré par les nazaréens et les préraphaélites, accouche d’artistes éminents : Victor Orsel, Paul Chenavard ou Louis Janmot dont le musée présente l’étonnante série dessinée pour le Poème de l’âme.
Si Baudelaire s’offensait devant la préciosité de cet « art philosophique » nourri d’intellectualisme, la présence de splendides œuvres de Blake ou d’Overbeck permet de mesurer la modernité de toiles méconnues ou méjugées. Une modernité dont le parcours, après une halte nécessaire par Puvis de Chavannes, s’achève avec l’exposition internationale de Lyon de 1914 où figuraient Henri Matisse et Pablo Picasso.
Un parcours qui, excédant les simples enjeux locaux, peut logiquement et sans crainte exhiber sa labellisation « exposition d’intérêt national »…
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Faire école au XIXe siècle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°591 du 1 mai 2007, avec le titre suivant : Faire école au XIXe siècle