Lutins diaboliques, créatures ensorcelées, fées lubriques et ambiance ludique... Entre rêve et cauchemar, Fabien Verschaere se réapproprie l’imagerie chère à l’enfance et fait basculer le merveilleux dans le menaçant. À l’occasion de son exposition personnelle à la galerie Michel Rein, à Paris, il a répondu à nos questions.
Quel est le ton général de cette exposition à la galerie Michel Rein ?
Dans cette exposition, l’espace est considéré comme une atmosphère mentale. Il est donc représentatif des différentes phases de mes expériences. Celles-ci sont aujourd’hui troublées par la mise en scène de ma propre vie, d’où l’élaboration d’une mythologie personnelle.
Je présente donc une pièce composée de céramiques enfantines et de dessins sur verre. Au centre des céramiques, une bouteille de parfum cassée, voire explosée, évoque une certaine idée de la féminité. Une féminité liée à la sexualité, à l’enfance, à la naissance. Puis, dans la salle centrale, se trouve une fresque : c’est une sorte de prolifération en noir et blanc qui va du sol au plafond. Plantés au sol, deux dés surdimensionnés viennent rappeler l’esprit d’un jeu lié à la mort. Enfin, quatre grands dessins à l’aquarelle sont appliqués sur le mur comme le constat d’une mythologie intérieure.
Votre exposition “Once upon no time” est proche du conte de fées. Doit-on se fier à la naïveté apparente de votre trait ?
C’est le désir d’être soi-même, de libérer le fantasme qui m’amène à aller à l’essentiel dans la pratique plastique. Je travaille donc à partir de ma propre personnalité, celle d’un homme de vingt-huit ans qui mêlerait une certaine poésie au traitement du vice et accèderait ainsi au “mix” étrange d’une conjugaison contemporaine. Tout est dit tout en restant caché. Je suis fondamentalement lié à un expressionnisme du rêve.
Le titre de l’exposition, “Once upon no time”, est lui-même un détournement de la formule magique “Once upon a time” [Il était une fois] nous permettant de pénétrer le monde de la fiction enfantine. Quel est votre rapport à l’enfance ?
L’enfance, c’est l’élaboration de ce que l’on est quand les rêves deviennent réalité. Une certaine fiction, la découverte de ce que l’on n’a pas choisi et de ce que l’on peut choisir. L’invention des échappatoires pour esquiver les handicaps, accidents physiques ou mentaux. L’appropriation de son propre corps est le but, et la découverte de la mortalité, une renaissance. L’enfance, c’est le “once upon no time” de notre existence. Rien n’a commencé, seul un rêve nous frôle.
En quoi votre travail n’est-il pas de l’illustration ?
Il n’y a pas de littéralité dans mon travail, pas de cible, pas de message précis. Juste une proposition d’existence et non pas une image subjective jetée en pâture à qui veut bien la voir.
Vous êtes l’un des rares jeunes artistes à pratiquer l’aquarelle. Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce médium ?
Cette pratique est liée à une rapidité d’exécution, une simplicité de l’acte qui introduit une notion d’esquisse... pour que le désir ne s’arrête jamais.
Galerie Michel Rein, 42, rue de Turenne, 75003 Paris, tél. 01 42 72 68 13, jusqu’au 1er mars. Et au Centre de création contemporaine, 53-55 rue Marcel-Tribut, 37000 Tours, tél. 02 47 66 50 00, jusqu’au 23 février.
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Fabien Verschaere
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°165 du 21 février 2003, avec le titre suivant : Fabien Verschaere