Brutalement disparue en 1970, à l’âge de 34 ans, Eva Hesse a laissé une œuvre forte et singulière qui s’avère avec le temps de plus en plus importante au regard d’une histoire de la sculpture contemporaine de la fin du XXe siècle. Originaire de Hambourg, l’artiste contribua plus particulièrement à l’élaboration d’un langage plastique mettant en question les catégories esthétiques et les courants minimalistes dominants de son époque pour instruire une nouvelle « expérience sensible de la forme, de l’espace et du matériau » (Alfred Pacquement). « Il n’y a pas de règle. Je ne veux suivre aucune règle... Mon attitude envers l’art est très ouverte. Elle n’est en rien conservatrice ; juste la liberté et la volonté de travailler... », déclarait avec force Eva Hesse juste avant de mourir. Cette liberté revendiquée passe chez elle dans la réalisation de travaux qui en appellent tant à des formes très diverses – sculptures, peintures et dessins – qu’à l’emploi de matériaux peu usités : corde, papier mâché, caoutchouc, latex, fil de fer, gaze, fibre de verre, etc. Si la critique a le plus souvent retenu sa participation à la mise en œuvre d’une version « molle » de la sculpture, la portée de son œuvre est bien plus considérable. En effet, les images comme les formes organiques ambiguës et indéterminées qu’elle a créées sont à mettre au compte d’un attachement particulier aux aspects incontrôlables du monde des sensations. Ce faisant, Eva Hesse inaugurait une nouvelle esthétique des rapports entre la sculpture et le corps humain qui a été maintes fois reprise par les générations qui l’ont suivie. La plupart de ses œuvres sanctionnent une attention permanente à tout ce qui procède de formes biomorphiques et d’une tension quasi vitale entre ordre et désordre, changement et continuité. L’exposition de la Tate Modern qui réunit un ensemble de plus de 130 pièces dont un lot très important d’œuvres encore jamais exposées en Europe est l’occasion de revisiter l’art de cette artiste majeure des années 1960. « Une personne très intérieure construisant des modèles psychiques », disait d’elle l’artiste du Land Art Robert Smithson.
LONDRES, Tate Modern, 25 Sumner Street, tél. 207 887 8000, 13 novembre-9 mars.
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Eva Hesse, une artiste pionnière
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°542 du 1 décembre 2002, avec le titre suivant : Eva Hesse, une artiste pionnière