Écosystème - Un tronc ceinturé d’un bandeau « I Am » accueille le visiteur du Centre d’art de Nogent.
Manière, pour le doyen de cette exposition collective, Herman de Vries, né en 1931, de rappeler combien l’état de santé des forêts nous concerne au premier chef. Le constat est alarmant, mais le propos ne verse ici jamais dans le tract écologiste. C’est en flirtant avec l’anthropomorphisme, par le biais de l’humour, ou en s’éloignant du réel que les onze artistes racontent ce qui nous (dé)lie aux arbres. Une première vidéo nous plonge dans le microcosme de la forêt, celui de la mousse et des champignons qui prolifèrent sur les troncs, des scarabées et autres insectes qui les colonisent. Travaillant au sein d’un groupe de recherche qui explore l’écosystème du plateau de Millevaches (monts du Limousin), Stéphanie Lagarde et Constantin Jopcek proposent des images tremblées, brutes, comme un rappel du vivant. Quand un tronc se met à parler, ses propos alternent entre faits avérés et railleries quant aux tentatives de l’espèce humaine à réagir au réchauffement climatique. Lucie Douriaud a recréé un cimetière de sapins Nordmann. En écho à une grande photo d’arbres de Noël entreposés comme des gisants à même le sol, dix tirages sur bois brûlé évoquent les tableaux d’un chemin de croix. Il est aussi question de prédation, avec cette performance filmée de Virginie Yassef et Julien Prévieux dévorant littéralement un rondin, geste compulsif et riche d’ambigüité. On hésite entre célébration du retour à l’état de nature, ode au primitivisme, ou critique de la prédation. La fin du parcours nous entraîne dans les pas d’une Alice découvrant des peaux d’arbres (Ache C. Wang et Ix Dartayre) qui pourraient bien se transformer en costumes. La forêt est prête à se réinventer.
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Être futaie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°773 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Être futaie