Coutumier des thématiques arc-boutées sur les avant-gardes des années 1960 et 1970, le musée niçois s’octroie pour l’été un assortiment ambitieux et sans risque : John Armleder, Tony Cragg, Joseph Kosuth, Damien Hirst, Sol LeWitt, Robert Morris, Daniel Buren, Niele Toroni, pas moins de vingt artistes contemporains de stature internationale et de lignage conceptuel, rassemblés autour d’un élément constructif capital et éminemment symbolique : le mur. Support originel de la peinture, limite spatiale et sociale, élément constructif, projection métaphorique, surface utilitaire, le mur n’en finit pas de traverser et de s’inscrire dans le champ esthétique. Tour à tour redéfini, manipulé, défait et révélé par les avant-gardes, l’examen du mur – pour autant qu’il se soumette à un contexte artistique – ramène finalement sa mission première aux principes qui régissent notre environnement, à la prise de conscience de l’espace, au contexte et bien sûr à la question de la représentation. Une hypothèse de départ aussi vaste que le protocole imposé par le musée s’avère précis et resserré. C’est que le jeu préconisé ramène le mur à ses enjeux esthétiques : Surface. Espace. Limite. Concept. Voilà sans doute pourquoi la sélection se limite au territoire de l’abstraction. Chacun des artistes a donc été prié de penser ce mur in situ, d’affronter sa bidimentionnalité, d’admettre le caractère éphémère de son intervention, et de se risquer à la monumentalité du format. Un exercice dans lequel se glissent sans peine les habitués du wall drawing, les arpenteurs de murs que sont John Armeleder, Sol LeWitt, Joseph Kosuth, François Morellet ou David Tremlett. Mais au geste flirtant avec celui de la fresque, questionnant les limites du champ pictural, vient s’ajouter le mur comme réflecteur du corps ou
espace mental. Embrassant tout à la fois, Mel Bochner, figure de proue de l’art conceptuel, livre par exemple ici une de ses célèbres Measurements Series. Amorcés en 1967, ces relevés d’échelle puisés dans l’espace réel, appliqués, marqués sur le lieu même de leur prélèvement, redoublent la matérialité du lieu, et donc du mur donné...
« Intra-muros », NICE (06), musée d’Art moderne et d’Art contemporain, promenade des arts, tél. 04 93 62 61 62, jusqu’au 14 novembre. Sous l’intitulé : « Les murs, un autre regard », des événements, concerts, ballets, rencontres dans la ville.
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Étant donné un mur...
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Étant donné un mur...