« Dogdays are over » est un aphorisme difficilement traduisible en français. À l’origine, l’expression renvoie aux jours mauvais, révolus, que l’on contemple depuis un temps plus clément. Pour Nicolas Trembley, le jeune commissaire de l’exposition, ce titre évoque avec ironie un temps qui semble désormais achevé, celui de la crise, ce temps pas si lointain du début des années 90, jours sombres d’une société déprimée. Ce titre attesterait donc d’un changement de mentalité. « Dogdays are over » signalerait également l’apparition d’un nouveau type d’œuvres cherchant à construire des « propositions singulières qui nous permettraient d’évoluer, d’avancer, non pas en termes de progrès mais de processus.» Or, ce processus s’incarne aujourd’hui plus particulièrement dans la vidéo, l’un des rares médiums capable de décortiquer ces nouveaux partages entre réel et fiction, entre imaginaires individuels (le rêve) et imaginaires collectifs (les mythes, les rites, les symboles). Les jeunes artistes ici rassemblés sont presque exclusivement suisses, et tous, de Pipilotti Rist à Sydney Stucki en passant par Fabrice Gygi, ont en commun de se préoccuper du statut actuel de l’image. L’une des pièces étonne particulièrement : un grand néon en demi-cercle de dix mètres de long aux couleurs de l’arc-en-ciel. Réalisée en 1995 par Ugo Rondinone, cette pièce démontre combien le rêve n’est pas la fiction devenue réalité. Non, le rêve, c’est bien l’odyssée d’une conscience vouée à ne constituer qu’un monde irréel, lieu d’expériences privilégiées pour tourner en dérision le prêt-à-porter imaginaire servi par la société. Cette exposition est complétée d’une belle programmation de films vidéos (Fischli et Weiss, Jean-Luc Godard et Anne-Marie Miéville).
Centre culturel suisse, jusqu’au 14 février.
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Et si la crise était terminée...
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°503 du 1 février 1999, avec le titre suivant : Et si la crise était terminée...