Et maintenant, quel avenir pour le Centre Pompidou ?

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 6 août 2007 - 742 mots

Dans Le Journal des Arts de novembre 2006, des personnalités du Centre regrettaient la disparition de la fonction «laboratoire ». La programmation 2007 annonce-t-elle un revirement de situation ?

Depuis 2004, l’Espace 315 essaie de distiller un peu de jeunesse dans la programmation plasticienne du Centre. Mais, la création est peut-être plus à chercher du côté du spectacle vivant, des programmations de cinéma expérimental et vidéo.

Un peu d’air frais
Comme pour nous faire mentir, le musée programme cette année une exposition mastodonte, « Air de Paris », dédiée à l’art le plus contemporain, sur 2 000 mètres carrés, dont 500 dévolus aux design, paysagisme, urbanisme et expérimentations architecturales. L’exposition se place sous l’égide d’un monstre sacré, Marcel Duchamp, et explore le thème de la ville et de la vie urbaine. Un souffle d’histoire planera donc sur une exposition fleuve qui renoue avec l’esprit laboratoire en engageant bon nombre de productions, environ un tiers des œuvres présentées. Un point très positif et comme un pied de nez à la fameuse « Force de l’Art », premier pas d’une triennale de Paris qui s’était distinguée par sa pauvreté en œuvres très récentes et par la très grande discrétion des artistes trentenaires.
Ces derniers seront légion parmi les cinquante-sept artistes retenus dans « Air de Paris » au sixième étage, du 25 avril au 20 août. Un très gros pari pour le Centre. On annonce déjà les participations d’Alain Bublex, Xavier Veilhan associé aux musiciens du groupe Air, Anri Sala pour un projet avec la réalisatrice Liria Bégéja, Tatiana Trouvé, Carsten Höller (le trublion actuel de la Tate londonienne), Saâdane Afif, Stéphane Calais et Daniel Buren. Un éclectisme qui fera sens, on l’espère, sous l’œil élastique de Marcel Duchamp !

Expositions pour exportation
En contrepoint à « Air de Paris », le programme s’avère essentiellement monographique et classique. Le printemps s’ouvre avec l’écrivain Samuel Beckett (dans la lignée de l’exposition Barthes en 2002-2003) et une rétrospective très complète assortie d’une commande passée au vidéaste et photographe contemporain canadien Stan Douglas.
Le Prix Duchamp Philippe Mayaux a prévu d’occuper l’espace 315 en mai et le talentueux Belge David Claerbout devrait présenter ses tout derniers films en septembre. Un mois bien rempli puisqu’ouvrira aussi l’opus d’Annette Messager, avant l’ancrage historique d’Alberto Giacometti, en octobre, et un panorama sur les réalisations de Richard Rogers.
Ce goût pour la monographie est aussi remarquable au cinquième étage pour la réouverture, le 31 janvier 2007, des collections modernes du musée dont le parcours chronologique sera émaillé de salles personnelles pour Kandinsky, Picasso, Matisse, Braque, Hantaï, Miró ou encore Dubuffet. Ce choix est dû à la présence d’importants fonds monographiques dans la collection moderne. Cette caractéristique s’atténuera certainement dans la seconde phase d’ouverture, avec un quatrième étage plus contemporain à partir du 2 avril 2007.
Quant aux Revues parlées, noyau vivant du Centre, leur directrice a invité trente personnalités à évoquer leur année clef : les architectes Piano et Rogers pour 1977, David Lynch (sous réserve) pour 1980, Philippe Starck pour 1984 et ainsi de suite. La liste est prestigieuse, mêlant littérature, graphisme, histoire, paysage, art, danse, anthropologie. L’espace d’échanges souhaité par le président Pompidou est toujours bien vivant, avec cette propension au panthéisme.
Car le grand dossier thématique d’envergure dédié aux « Traces du sacré » concocté par Jean de Loisy n’accompagnera pas cette année anniversaire, et sera finalement repoussé à 2008. La part scientifique sera donc à chercher du côté des éditions qui préparent pour le printemps la publication d’un ouvrage de référence sur l’histoire des expositions produites au Centre tout en remaniant leurs guides à la visite.
La politique d’expansion du Centre expliquerait-elle une programmation d’expositions monographiques plus simples à exporter ? Peut-être. Si l’antenne messine vient de sortir de terre et que le projet d’un « Pompidou » en Chine reste encore à l’état embryonnaire, le Centre s’exporte avec force au Japon dès le début de l’année 2007 après Hong-Kong l’année passée, en proposant une vision globale de l’art du xxe siècle. On espère simplement que la dimension internationale du Centre ne le conduira pas à programmer des expositions à la « Guggenheim », entre motos rutilantes et scénographies tape-à-l’œil.

Autour du Centre

Informations pratiques Centre Pompidou-musée national d’Art moderne, place Georges-Pompidou, Paris IIIe. Métro Rambuteau. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 11 h à 22 h. Tarifs (musée et expositions) : 8 et 10 €. Tél. 01 44 78 12 33. Toutes les informations sur www.centre pompidou.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Et maintenant, quel avenir pour le Centre Pompidou ?

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