Et les Lumière furent

Après Bologne et Lyon, la voici à Évian, à côté de la flamboyante résidence secondaire d’Antoine Lumière (devenue depuis la mairie). Dans un espace réduit, cette relecture intime gagne en pédagogie. À travers les collections de l’Institut Lumière, le visiteur remonte aux sources d’une fabuleuse aventure technologique : des lanternes magiques au digital, en passant par diverses machines aux noms d’élixirs étranges : thaumathrope, phénakistiscope, praxinoscope… Autant d’inventions qui n’avaient qu’un seul objectif : capter le mouvement fugitif. Un long mur doublé par un miroir diffuse les 1422 films des « opérateurs Lumière » dépêchés sur les quatre continents pour filmer la diversité de l’humanité. Plus loin, des écrans juxtaposent ces films et des webcams du XXIe siècle. Avec les Lyonnais, le monde regarde le monde dans un vertige infini. « Lumière ! Le cinéma inventé » raconte ainsi, à sa façon, l’aube de la mondialisation. Par ailleurs, l’exposition réhabilite Louis Lumière en tant qu’artiste. Ses autochromes, prototypes de photographie couleur à base de fécule de pomme de terre, témoignent du génie de l’inventeur mais aussi d’un regard sensible, digne des peintres contemporains et grands photographes qui suivront. Si le titre attribue la création du cinéma aux seuls Lumière, le parcours révèle la complexité du chemin qui mena au 7e art. C’est Edison qui, le premier, parvient à saisir un corps en mouvement. Le « cinématographe » des Lumière perfectionne l’invention américaine pour inaugurer le mode de projection qui deviendra « le cinéma ». Aujourd’hui, les images animées sont vues sur tablette, téléphone, casque de réalité virtuelle… Le mot « cinéma » ne désigne plus spécifiquement le grand écran, le rituel de la « séance » inauguré en 1895 dans un hôtel parisien. Depuis son invention, le cinéma n’a jamais cessé de se réinventer.