Espoirs perdus et dictature

50 ans plus tard, Raymond Depardon (né en 1942) revient sur ses archives, dans une exposition confrontant son travail durant son séjour en septembre 1971 et le reportage fait par l’Américain David Burnett (né en 1946) sur la répression menée par la junte militaire au lendemain du putsch. Manifestations de soutien au régime, bidonvilles de Santiago, portraits d’Allende, parades militaires, slogans et reportage sur les Mapuches : Depardon documente les espoirs de la révolution, en particulier pour les Mapuches, paysans sans terre auxquels Allende promettait une réforme agraire. Changement de ton dans les images de Burnett, réalisées elles dans les rues et dans le stade de Santiago où furent emprisonnés, torturés et tués les prisonniers politiques. Un demi-siècle plus tard, la violence, la répression et la peur, ou encore l’infinie tristesse des regards, n’ont pas perdu une once de leur puissance évocatrice. Arrestations, autodafés, familles de disparus à leur recherche, cimetières ou enterrement du poète Pablo Neruda : le témoignage est implacable, bouleversant. Reste que pour David Burnett, la photographie emblématique du 11 septembre 1973 est celle où l’on voit Allende, peu avant sa mort, arme au poing, dans une cour du palais présidentiel. Longtemps attribuée à Orlando Lagos, ce portrait fut réalisé par Leopoldo Victor Vargas, un sous-officier de l’armée de l’air affecté comme photographe auprès de la présidence. C’est ce que raconte l’enquête minutieuse menée par le journaliste Robert Pledge dans l’ouvrage à l’origine de l’exposition, paru chez Atelier EXB.