Escales méditerranéennes

Le hangar maritime du J1 accueille ainsi « Méditerranées », une exposition au propos ambitieux, mais qui affiche quelques maladresses. Passionnante enquête historique sur l’émergence de cette civilisation commune, elle propose onze escales chronologiques à travers les grandes cités ayant participé à l’essor de ce territoire. De l’antique Troie à la Marseille coloniale, chaque étape développe un propos autonome et complémentaire : la naissance de l’alphabet à Tyr, la mise en place de la démocratie à Athènes, l’essor des sciences d’Al-Andalus ou encore le développement du commerce à Gênes.

Cent soixante-et-onze pièces artistiques et archéologiques construisent un propos didactique, sous-tendu par de courts films d’animation qui abordent dans chaque séquence une thématique centrale de la civilisation présentée. Pédagogiques et souvent ludiques, ils recourent aux codes iconographiques et esthétiques propres à chaque culture et apportent des respirations bienvenues dans ce parcours foisonnant.

Inévitablement, certaines séquences sont plus abouties que d’autres. Si Venise et Istanbul séduisent grâce à de superbes objets, notamment les belles maquettes de bateaux de la Sérénissime et les précieux vêtements ottomans, Rome, en revanche, déçoit avec des pièces de moindre qualité, dont des reliefs très érodés. Malgré quelques faiblesses, l’ensemble se révèle efficace et intelligent, et l’exposition aurait même pu être une franche réussite. Malheureusement, la commissaire Yolande Bacot a ajouté à ce parcours patrimonial une touche contemporaine fort peu probante. Une omniprésente vidéo relatant les aventures d’un Ulysse contemporain, évoquant la situation actuelle de ces cités, vient ainsi brouiller la compréhension de l’exposition. Il s’avère, en effet, difficile d’apprécier pleinement les œuvres, alors que le film distille dans chaque salle un bruit de fond désagréable et, surtout, un discours politiquement engagé qui cadrent mal avec le sujet.