Imaginerait-on un instant l’actuel chef de l’État se déguiser en ours, en arbre ou, pire, en crevette pour épater la galerie lors d’une réception officielle ? Pas franchement.
Pourtant, de telles mascarades étaient courantes au XVIe siècle pour égayer les réunions au sommet. On sait que François Ier était coutumier de ces travestissements osés, comme son fils Henri II, qui avait subjugué ses convives en apparaissant sous la forme d’une fontaine parfumée. Sans même parler des spectacles titanesques qui ont tant frappé les esprits, mettant par exemple en scène des batailles navales à l’antique sur l’étang du château de Fontainebleau et, bien sûr, l’extravagante chasse à la baleine mécanique menée sur la rivière Adour à Bayonne. À la Renaissance, rien n’était en effet trop beau ni trop exubérant pour festoyer. Les sources, écrites comme plastiques, nous dressent un inventaire étourdissant de costumes rutilants, de précieux instruments de musique, d’armes de parade, sans oublier les architectures éphémères. Si cette frénésie de fêtes et de joutes a cours dans tout l’Occident, elle prend une ampleur démesurée au royaume des Valois. Un tourbillon de réjouissances cependant loin d’être frivole. Au contraire, la fête est alors promue arme politique pour pacifier un royaume déchiré par les guerres de Religion. Elle constitue un divertissement au sens premier du terme, mais aussi une parenthèse enchantée où l’on essaie de restaurer la concorde du pays. Il suffit pour s’en convaincre d’admirer les extraordinaires pièces de la tenture commandée par Catherine de Médicis, décrivant avec un faste inouï les toilettes opulentes, les décors fabuleux et les chorégraphies virevoltantes. Manifeste d’un royaume en paix, puissant et prospère, cette tenture est le point d’orgue de l’éblouissante exposition que le château de Fontainebleau consacre à ce sujet captivant. Grâce à une réunion exceptionnelle de dessins et d’objets, le parcours propose une merveilleuse immersion dans cet univers féérique.
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Entrez dans la danse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : Entrez dans la danse