À Londres, le Warburg Institute a accueilli pour la première fois un artiste en résidence. Réalisés sur place, les travaux de Jane Boyd se sont insérés dans la bibliothèque du prestigieux établissement. Le Courtauldt Institute démontre pour sa part qu’une institution dédiée à l’histoire de l’art peut vivre au présent en exposant des œuvres d’artistes contemporains.
LONDRES (de notre correspondant) - Pour Nicholas Mann, directeur du prestigieux Warburg Institute de Londres, les recherches de David Hockney sur l’utilisation de l’optique par les “maîtres anciens” (lire le JdA n° 133, 28 septembre 2001) ont prouvé à quel point les croisements entre l’histoire de l’art et la pratique artistique pouvaient produire des résultats féconds. Le professeur Mann tient la démonstration du peintre comme une des raisons qui l’ont conduit à donner à l’art contemporain un rôle dans la vie de l’Institut. Cette année, il a enfin réussi à y introduire un programme d’artiste en résidence, grâce à une subvention accordée par le Leverhulme Trust. Le programme a débuté avec Jane Boyd qui, du 12 au 20 décembre, expose le travail qu’elle a accompli durant les dix mois de son séjour. Issu de la bibliothèque personnelle d’Aby Warburg (1866-1929), ce fonds transformé en institut de recherche, s’est installé à Londres en 1933 après l’instauration du régime nazi. Il est aujourd’hui l’un des plus prestigieux pôles de recherche en histoire de l’art. La liste de ses directeurs compte Fritz Saxl et Ernst Gombrich, et son domaine d’investigation porte essentiellement sur la tradition classique, et en particulier sur ses manifestations durant la Renaissance. Nicholas Mann a, lui, été président du conseil d’administration du Musée d’art moderne d’Oxford. Il juge bon que les universitaires fréquentent des artistes vivants dont “les préoccupations sont les mêmes que les leurs mais dont le point de vue sur ces questions est totalement différent”.
Peut-être par égard pour les membres plus conservateurs de la communauté du Warburg, le professeur Mann y a introduit l’art contemporain timidement et progressivement. À l’issue d’un colloque organisé par l’Institut en 1999 sur “la reconquête de la mémoire des sens à travers l’histoire”, il a présenté une exposition des œuvres de l’artiste Cornelia Parker. L’année suivante, il a monté une exposition de photographies et d’œuvres sur papier de John Aldus. Choisie une fois le programme de résidence finalisé, Jane Boyd explique que son travail a essentiellement porté sur la bibliothèque de l’Institut. Dans ce lieu, qui a d’ailleurs subi un important programme de réaménagement entre 1998 et 1999, elle a, selon ses propres mots, “exploré la façon dont le silence et les sons, l’immobilité et le mouvement s’allient pour contribuer à l’expérience d’être dans une bibliothèque”. Son contact avec les boursiers, les chercheurs et les étudiants à l’Institut “a été et sera d’un énorme profit pour mon travail”, estime-t-elle. “Nous avons le devoir, poursuit Nicholas Mann, d’éduquer les jeunes. Et nous avons le devoir de faire rentrer autant de jeunes que possible.”
Non loin de là, le Courtauld a peut-être montré la voie. Il fête aujourd’hui le dixième anniversaire de sa Biennale avec une exposition d’œuvres d’une trentaine d’artistes et d’étudiants (jusqu’au 1er septembre 2003). Le but de l’exposition est de démontrer que l’art contemporain peut être reçu dans une institution dédiée à l’histoire de l’art. Les œuvres exposées (dont celles de Susan Hiller, de Dan Graham et de Sylvie Fleury) sont éparpillées dans l’architecture classique des espaces de travail de l’Institut.
- Jane Boyd, du 12 au 20 décembre, Warburg Institute, Woburn square, Londres, tél. 44 20 7862 8949, tlj sauf dimanche 10h-18h.
- LOOKING WITH/OUT, jusqu’au 1er septembre 2003, East Wing, Courtauld Institute, Somerset house, Londres, tél. 44 20 7848 2777, les samedis 13h-17h.
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Entrée des artistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°138 du 7 décembre 2001, avec le titre suivant : Entrée des artistes