« Ce que je cherche dans mon travail, c’est arriver dans un univers où je ne connais rien, me retrouver comme une laborantine. C’est ça le plus enrichissant, ce qui te fait faire des fuites vers les autres. » Des fuites en avant, bien sûr. Côté expérimental, en effet, Véronique Boudier est passée experte et ce statut de laborantine qu’elle revendique souligne l’amusement qu’elle prend à toutes les alchimies possibles, qu’elles soient plastiques ou verbales. Dans l’art du détournement et de la pirouette, elle n’a pas son pareil et les titres de ses expositions sont là pour nous prévenir : « Que des gestes inutiles », « Les atomes sont des anges », « Missiles et balsamines »... Invitée à Thiers, elle a choisi « Les particules s’envoient en l’air », rien de moins ! Se saisissant de la très forte personnalité du lieu, dont les composants l’eau et le rocher sont les métaphores mêmes du féminin et du masculin, Véronique Boudier a créé là différents dispositifs sensoriels qui mêlent tout à la fois culture locale et mémoire personnelle dans un incroyable télescopage de projections et de sécrétions. C’est tout le bâtiment qui se trouve soudainement en effervescence, révélé par l’artiste dans son fonctionnement organique le plus secret, dans ses humeurs et dans ses suintements les plus intimes. Tout est organisé pour mettre en évidence l’essence d’un lieu vital fondé sur le principe de métamorphose entre une résistance et un flux, une enveloppe et un corps, une substance et une structure.
THIERS, Le Creux de l’Enfer, jusqu’au 31 décembre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Entre substance et structure
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Entre substance et structure