Enfermement immédiat

Un « événement » donc autour d’une collection qui, en dépit de ses présentations partielles mais régulières, garde intacts ses mystères et, disons-le, un parfum de polémique dont elle ne parvient pas à se défaire. Un événement aussi dans la mesure où « À triple tour » est la première exposition proprement thématique de la collection. Les divers aspects de l’enfermement sont ici abordés : politique, thérapeutique, psychique. Passé le miroir de barrières de Michelangelo Pistoletto, le visiteur est immédiatement plongé dans le sujet avec l’installation vidéo de Diana Thater, Tchernobyl (2011). Celui-ci se retrouve projeté au cœur d’un territoire dévasté, abandonné, mais où des ombres déambulent encore, prisonnières de la catastrophe et du déni politique. L’installation dit ce que les protagonistes bâillonnés des vidéos qui suivent, Hall of Whispers (1995), chef-d’œuvre de Bill Viola, ne parviennent pas à exprimer. Le parcours alterne ensuite les médiums (peintures, photos, installations…), les œuvres fortes – l’ironie des photos colorées de Mikhaïlov – et celles anecdotiques – si les papis en fauteuil roulant de Sun Yuan et Peng Yu font sourire, qu’en restera-t-il dans trente ans ? Il y a les artistes obligés – Hirst et sa pharmacie – et les révélations – les images détournées de Llyn Foulkes sont de véritables pépites. Mais c’est encore l’installation vidéo qui fonctionne le mieux, comme celle de Javier Téllez de 2004 qui projette, face à face, La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer (1928) et le récit de patients psychiatriques. Elle nous ferait presque oublier la scénographie inexistante de l’expo…