Jusqu’au 11 novembre, la première Triennale de Yokohama regroupe 109 artistes, dans différents lieux des quais du quartier de Minato Mirai. Événement majeur pour la scène artistique japonaise, cette manifestation replace également l’archipel sur l’échiquier international.
Yokohama (de notre correspondante) - “Mega-wave : vers une nouvelle synthèse”, le titre de l’édition 2001 de la Triennale de Yokohama est éminemment futuriste. “Mega-wave fait référence aux grandes vagues de changements qui inondent l’ensemble de notre société ; par exemple, les révolutions de la technologie de l’information et du génie génétique, mais aussi les menaces qui pèsent sur l’environnement et les nouveaux développements dans le monde de l’art”, expliquent les quatre directeurs de la manifestation : Shinji Kohmoto (conservateur en chef du Musée national d’art moderne de Kyoto) ; Akira Tatehata (professeur à l’Université des beaux-arts de Tama) ; Nobuo Nakamura (directeur du Centre d’art contemporain de Kitakyushu) et Fumio Nanjo (commissaire indépendant). Pour ces derniers, la “synthèse” reflète leur vision d’un lien plus étroit entre l’art et la société. Cette idée prend corps avec la sculpture-arbre fruitier saisissante de Choi Jeong-hwa, artiste d’origine coréenne, qui trône avec insolence entre plusieurs rues passantes. Celles-ci mènent vers les principaux lieux de l’exposition, situés sur les quais du quartier de Minato Mirai. “Au premier abord, les visiteurs pourront se sentir un peu désorientés, expliquent les organisateurs, mais nous espérons que lorsqu’ils parcourront le site, ils sauront se réjouir des rencontres inattendues qu’ils feront avec les œuvres d’art.” Le résultat est grisant. En se promenant dans le labyrinthe du site de Pacifico Yokohama, centre de conférences construit pour l’événement, les visiteurs peuvent s’attendre à tout. C’est là que trône l’incroyable Pillar of Civilization des Chinois Sun Yuan et Peng Yu, colonne réalisée à partir de graisse humaine, ou encore la grande attraction de Kyoichi Tsuzuki, Planet of the Sexoids, une présentation d’objets témoins d’un aspect aujourd’hui disparu de la culture japonaise : le musée érotique ou hihokan. Si la plupart des œuvres ont été spécialement créées pour l’occasion, d’autres, comme l’inquiétant diorama de montagnes miniatures de Mariele Neudecker, Unrecallable Now (1998), sont inédites au Japon.
Exploits surhumains du “Bread Man” de Tatsumi Orimoto
Avec 109 invités, toutes les zones géographiques sont représentées de manière satisfaisante (Adel Abdessemed, Dominique Gonzalez-Foerster, Pierre Huyghe, Laurent Moriceau et Laure Tixier pour ceux venant de France), mais l’art asiatique domine. Ainsi, l’allée centrale de Pacifico Yokohama est dominée par les exploits surhumains du Bread Man de Tatsumi Orimoto, par les portraits photographiques de Huan Zhang, Chinois installé à New York, ou encore par les peintures sur rideaux de fer des boutiques de Mubai de l’Indien Atul Dodiya. Souvent négligé par les institutions de son propre pays, l’art japonais trouve là l’occasion de prouver son importance, notamment par la présence de grands noms tels Yayoi Kusama et Yoko Ono, dont le wagon marqué d’impacts de balles, Freight Train (train de marchandises, 2000), est exposé aux intempéries, à l’extérieur du Red Brick Warehouse, un entrepôt presque centenaire. Parmi les plus jeunes, la présence de Tabaimo avec son intérieur de train de banlieue animé est impressionnante. Quant à Yoshitomo Nara, il s’offre une exposition personnelle au Musée des beaux-arts de la ville tout proche. Avec un tel programme, la Triennale de Yokohama, qui devrait devenir un rendez-vous régulier, entend attirer quelque 300 000 visiteurs. À l’instar du plus modeste, mais réussi, Echigo-Tsumari Art Necklace Project qui s’est tenu l’an passé (lire le JdA n° 110, 8 septembre 2000), elle participe à la reconnaissance du Japon par la communauté artistique internationale.
- Triennale internationale d’art contemporain, jusqu’au 11 novembre, plusieurs sites répartis dans Yokohama, www.jpf.go.jp/yt2001/en/
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En route pour Yokohama
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°134 du 12 octobre 2001, avec le titre suivant : En route pour Yokohama