Tourte au foie gras, biscuits à la cuillère et brioches aux pralines sont actuellement au menu de l’exposition de peinture du musée municipal de Vire. Une cinquantaine d’œuvres, souvent de petits formats, compose un siècle de peinture d’objets, du réalisme au fauvisme, de Guillaume Fouace (1837-1895) à Émile Othon Friesz (1879-1949). En tout, vingt et un « nature-mortistes » sont réunis autour de l’inégalable Chardin, dont la « beauté du réel » fascinera les peintres jusqu’à la rupture avec l’impressionnisme.
La Normandie, terre des peintres, aurait-elle joué un rôle déterminant dans l’évolution de la nature morte ? Une chose est sûre pour les commissaires de l’exposition, « l’âpreté du climat normand et l’opulence de ses subsistances » ont exalté « la beauté des produits de la nature ». Mieux qu’ailleurs, le « milieu chimique fort en saveur et en couleur » de la Normandie aurait marqué de son empreinte la manière picturale des peintres qui se sont alors surpassés dans le rendu des matières. Peaux de fruits, écailles de poissons, plumes et poils de gibier, surface lisse des vaisselles, modelés par la couleur, accrochent le regard et stimulent les papilles du spectateur.
Après 1850, la nature morte s’invite de nouveau à la table des commanditaires. La bourgeoisie française s’entiche de cette peinture gourmande qui vient décorer la salle à manger dont l’usage se généralise au XIXe siècle. La gastronomie et les arts de la table prennent, à cette époque, une importance culturelle et économique sans précédent. Alexandre Dumas achève en 1870 son Grand Dictionnaire de cuisine et Brillat-Savarin dispense ses recettes aux fins gourmets. Dans ce contexte gastronomique florissant, la Normandie, avec ses vergers et ses ports de pêche, fournit aux peintres des motifs aussi variés qu’appétissants.
« Le Goût des matières. La nature morte en Normandie (1850-1950) », Musée municipal de Vire, ancien Hôtel-Dieu, 2, place Sainte-Anne, Vire (14), tél. 02 31 68 10 49.
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En Normandie, l’appétit vient en peignant
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : En Normandie, l’appétit vient en peignant