En immersion chez Holbein l’Ancien

Malgré sa notoriété désormais rétablie, il est toutefois ardu d’avoir une vision d’ensemble de ce monument dont les tableaux et dessins sont disséminés dans les plus prestigieuses collections. La promesse d’une exposition d’envergure avait donc de quoi exciter les afficionados de la peinture ancienne. Contrat rempli au Städel Museum, à travers une ample exposition qui rassemble ses plus grands « hits ». Le projet va même au-delà des espérances en proposant une immersion dans l’époque de l’artiste et en reconstituant les cercles dans lesquels il a exercé. Holbein l’Ancien retrouve ainsi ses commanditaires, mais surtout ses émules et ses rivaux. Il se fait d’ailleurs presque voler la vedette par un illustre inconnu : Hans Burgkmair. En effet, ce peintre confidentiel, son principal challenger et véritable pionnier de la gravure polychrome, a su composer un style unique oscillant entre le gothique et le maniérisme. Une singularité qui l’a clairement imposé comme l’autre maître de la cour d’Augsbourg, la cité impériale qui constituait le principal foyer artistique d’Allemagne à la fin du XVe siècle. 180 tableaux, dessins, livres, sculptures et objets d’art brossent ainsi le portrait de ce carrefour artistique de premier plan, aujourd’hui méconnu. Formidable plongée dans une époque riche en innovations esthétiques et spirituelles, l’exposition se visite comme on dévore un roman. Bravo !