Un bateau rouge de près de 3,5 mètres emplit l’espace réduit de la galerie. Posé à même le sol, il paraît un peu à l’étroit. Comme s’il était contraint et n’avait d’autre possibilité que d’avancer sans cesse, dans un mouvement perpétuel, de quelques centimètres, avant de reculer, pour ne pas toucher les murs contre lesquels il menace à chaque instant de se fracasser. Son unique liberté semblant se résumer à constamment tourner en rond, sans jamais s’arrêter, avec pour seul espoir de se maintenir à flot et sans autre horizon que ces murs qu’il ne pourra jamais franchir. Vision terrible, étouffante, qui se complique lorsque l’on commence à comprendre que le bateau est couvert sur toute sa surface d’une multitude de phallus de couleur rouge qui se dressent dans tous les sens. Des milliers d’excroissances, de tailles et d’épaisseurs différentes, gaillardes pour la plupart ou en tous cas montrant belle contenance, qui évoquent pourtant une maladie ou des boutons qui auraient poussé là. Mais d’une manière tellement dynamique que l’on est persuadé d’être en présence d’un des grands secrets de la vie. Ce qui ajoute un côté festif et presque joyeux à l’ensemble. Des excroissances que Yayoi Kusama, d’origine japonaise, avait eu l’heureuse idée de faire pousser au début des années 60
sur bon nombre de ses sculptures représentant des canapés et des chaises, mais également des planches à repasser, des chaussures de femmes et son fameux Bateau. À propos duquel elle confiait récemment « qu’il est le moyen pour elle, dans sa solitude, de voguer sur la Mer du trépas, tout en sachant que plus les années passent, plus celle-ci ne cesse de grandir ! »
PARIS, galerie Pièce Unique, jusqu’au 16 mai.
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En bateau avec Yayoi Kusama
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : En bateau avec Yayoi Kusama