Quel parcours singulier que celui d’Émile Savitry (1903-1967). Homme discret au talent protéiforme qui excellait dans tout ce qu’il entreprenait, il resta longtemps méconnu, peut-être à cause de cette réserve.
Il naît à Saigon et, après des études d’art à Paris, il entame une carrière de peintre. Il adhère au mouvement surréaliste et se lie avec André Derain et le poète Robert Desnos. Sa première exposition à la galerie Zborowski présentée par Aragon est un véritable triomphe. Mais, paniqué par ce succès trop soudain, il part pour Tahiti où sa rencontre fortuite avec le cinéaste Murnau scelle son destin de photographe.
Nous sommes dans le Paris des années 1930, Savitry vit à Montparnasse. Le jeune homme pose son regard sur tout ce qui l’entoure. Il fréquente les boîtes de Pigalle, les clubs de jazz où jouent Django Reinhardt et Stéphane Grappelli, le cirque Medrano, le Café du Dôme et la Coupole. En 1933, il travaille pour l’agence Rapho qu’il contribuera à relancer après guerre avec Brassaï, Ronis et Doisneau. Il réalise des portraits de comédiens et d’écrivains : Chaplin, Neruda, Colette. Des artistes comme son ami Prévert l’introduisent dans le milieu du cinéma, le voilà photographe de plateau sur les films de Carné Les Portes de la nuit et La Fleur de l’âge. Ses portraits délicats sont empreints de poésie, mais ce sont ses nus qui lui apporteront le succès. Les photos de Savitry racontent le quotidien, Paris la nuit, le jazz. Pour faire redécouvrir ce parnassien de cœur, le Musée de l’abbaye Sainte-Croix aux Sables-d’Olonne organise une belle rétrospective de 81 photographies en noir et blanc.
Musée de l’abbaye Sainte-Croix, rue de Verdun, les Sables-d’Olonne (85), tél. 02 51 32 01 16.
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Émile Savitry : rétrospective
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°643 du 1 février 2012, avec le titre suivant : Émile Savitry : rétrospective