Aussi poétique qu’angoissant, le titre donne le ton de la splendide exposition rétrospective que consacre le Mac Val au travail de Taysir Batniji (né à Gaza en 1966).
Pensée comme un « vaste autoportrait », l’exposition rassemble plus de cent cinquante œuvres (photographies, installations, vidéos, dessins…), représentatives de la carrière de l’artiste et de son évolution, en un tout cohérent, puissant et émouvant. Déployant une « réflexion en acte autour de l’identité » à travers « un œuvre toujours à l’échelle de soi », selon le commissaire Frank Lamy, Taysir Batniji affirme avec autant de force que d’humilité l’impermanence de toute chose, à commencer par sa propre identité. L’exposition débute dans le couloir par un mur de photographies issues de la série « Chez moi ailleurs », documentant sa vie quotidienne à Paris. Nous sommes ainsi d’emblée introduits à de grandes constantes de son travail : la dimension intime de son œuvre, mais également une réflexion sur le médium photographique, qui sous-tend l’ensemble de son travail. Le parcours de l’exposition est ensuite laissé libre, à travers des regroupements thématiques dans le vaste espace d’exposition. Des liens se tissent entre les œuvres, on reconnaît là un motif récurrent (des clés), ici la résurgence d’un événement de son histoire personnelle (la mort de son frère) ou des matériaux chers à l’artiste (le sable, le scotch). La puissance de l’œuvre de Taysir Batniji, à laquelle rend magnifiquement hommage cette exposition, tient surtout à la justesse avec laquelle il mêle bribes d’intimité, instantanés de vie, traces de réel, dans une pratique conceptuelle jamais désincarnée. Sur fond de contexte géopolitique complexe se déploie un œuvre troublant et touchant, dont la portée métaphorique défie toutes nos certitudes.
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Éloge de l’impermanence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°743 du 1 avril 2021, avec le titre suivant : Éloge de l’impermanence