Trois aspects peu connus de l’œuvre d’Édouard Pignon sont mis en lumière par l’exposition « du rythme entre les choses » du musée de Céret. Les éléments scéniques et les costumes conçus pour le Théâtre national populaire de Jean Vilar, les céramiques sculptures monumentales, et les poteries faites à Vallauris en 1953 et 1954.
Né en 1905, dans une famille de mineurs du nord de la France, Édouard Pignon travaille très jeune à la mine, puis dans des chantiers à l’usine comme ouvrier. Dès qu’il le peut, il peint avec acharnement des portraits et des paysages. À force de lectures et de cours du soir, avide de culture arrachée au sommeil et aux loisirs, Pignon devient une figure majeure de la peinture figurative à partir des années 1950.
Des maquettes de costumes, peintes à la gouache sont exposées. Chacune semble sortir tout droit d’une toile de Pignon, tout en étant au plus près de ce qui caractérise le rôle et le comédien dans la pièce, par exemple Argan dans Le Malade imaginaire ou Pétrin dans Ce fou de Platonov. L’artiste ne veut pas être décorateur, mais peintre au théâtre. Il aborde de la même façon ses commandes de céramiques-sculptures de grandes dimensions.
Trois études pour le mur à relief polychrome de 29 mètres de long de l’école des Beaux-Arts de Lumigny à Marseille en témoignent. Pignon entreprend ce travail avec son tempérament de peintre : « Lorsqu’on m’a commandé la céramique de Lumigny, je peignais les plongeurs et je n’ai fait que prolonger les plongeurs dans la céramique-sculpture […] tout ce que je sentais, c’est qu’il fallait faire quelque chose de terriblement fort, le contraire d’une décoration. »
Invité par son ami Picasso à Vallauris en 1953 et 1954, Pignon y réalise un grand nombre de poteries aux formes très variées, reprenant les thèmes de ses tableaux : « Par exemple, les têtes de mineurs qui se transformaient en personnages fantastiques, mi-hommes, mi-diables, avec des enfants sur le dos et des cornes. »
Le grand vase Faune à l’enfant de 1954 en est un bel exemple. De nombreux petits croquis très simples exécutés dans les salles de céramique antique du musée du Louvre sont peut-être la découverte la plus étonnante de cette exposition.
Pignon s’est beaucoup servi de l’observation de ces formes antiques pour réinventer les volumes. Par exemple la poterie Jeune Femme souriante aux bras levés emprunte son élégance au lécythe aryballisque à figures rouges, poterie romaine de 350 av. J.-C.
Toujours peintre, y compris quand il travaille en trois dimensions, Édouard Pignon n’a qu’un seul objectif : saisir la réalité. Ses variations parfois surprenantes, mais toujours pertinentes, permettent une nouvelle lecture originale et féconde de son œuvre.
« Édouard Pignon (1905-1993), du rythme entre les choses », musée d’Art moderne, 8 bd du Maréchal Joffre, Céret (66), tél. 04 68 87 27 76, 29 octobre-29 janvier. Puis à la Piscine/Musée d’Art et d’Industrie, Roubaix (59), 3 mars-8 mai 2006.
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Édouard Pignon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : Édouard Pignon