Tant qu’à mentir, autant le faire avec grâce. S’il est vrai que la photographie n’est jamais qu’un fragment de vérité, elle se pare, dans sa dimension pictorialiste, des atours du dessin et de la peinture, auxquels on n’ira pas disputer s’ils sont ou non le reflet acceptable du réel.
Ce fameux réel de la vie quotidienne et des horreurs qui l’accompagnent parfois, José Ortiz Echagüe ne le connaissait que trop, de par son expérience d’ingénieur en Afrique du nord. Mais plutôt que de soumettre la photographie aux dures contingences de sa profession, il choisit d’en faire l’instrument d’une recherche autant artistique qu’ethnologique. Les portraits qu’il réalise au Maroc entre 1909 et 1911 éveillent l’écho, pas si lointain, des peintres orientalistes et de leur souci de préserver la part d’exotisme, porteuse du rêve de lointains paradis. Cependant, Echagüe est aussi soucieux de la beauté, dans la lumière, le geste, le drapé des djellabas, que de la précision dans le détail vestimentaire. Revenu en Espagne, il mène en parallèle un métier d’ingénieur aéronautique et une brillante carrière de photographe exposé dans le monde entier. Fidèle à sa démarche de la première heure, il construit une œuvre originale dans une dimension pictorialiste qui semble se jouer des courants et des modes. Au contraire d’un August Sander, abordant le portrait de ses contemporains avec la rigueur typologique que l’on sait, Echagüe exalte l’Espagne et ses traditions religieuses et populaires en une suite de tableaux autonomes où prédomine un grand soin apporté à la composition. Son sens de la dramatisation – quelque peu inhérente au sujet – est à rapprocher de celui, exercé sur le même territoire, d’un Eugene Smith et d’une Cristina Garcia-Rodero.
Hôtel de Sully, jusqu’au 21 mars.
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Echagüe le nostalgique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°503 du 1 février 1999, avec le titre suivant : Echagüe le nostalgique