Brillant - Dragon Ball, Indiana Jones, Tintin ou encore un film culte avec Bruce Willis.
Ceci n’est pas un rébus, mais la conclusion de l’exposition du Musée de Cluny. Drôles de rencontres dans ce temple du Moyen Âge ! Pas tant que cela, en réalité, puisque l’institution s’est fait une spécialité des expositions aussi passionnantes que déroutantes, qui se jouent des codes pour mieux subvertir notre regard sur le monde médiéval. On ne change donc pas une formule qui marche, et, une fois encore, Isabelle Bardiès-Fronty, qui nous avait déjà offert une vision décapante de la beauté et du jeu, nous gratifie d’une exposition brillante. La conservatrice s’attaque à un sujet inattendu, et pourtant incontournable : le cristal. Ce matériau qui a connu son âge d’or au Moyen Âge est en effet omniprésent, quelles que soient l’époque et les civilisations. Fait rarissime, toutes les cultures ont été subjuguées par ce quartz et l’ont travaillé en lui conférant des vertus prophylactique, religieuse ou mystique. Une fascination d’autant plus étonnante que ce matériau est pétri de paradoxes. Il est ainsi investi d’une grande valeur, alors même qu’il est présent sur toute la surface de la Terre et n’a donc pas de valeur marchande. De plus, c’est l’une des matières les plus ardues à travailler en raison de sa dureté, et ce aujourd’hui encore, malgré les avancées techniques. Une difficulté qui n’a toutefois pas entamé l’engouement des artisans pour le cristal de roche, qui a commencé à être taillé dès la préhistoire. Les exemples les plus anciens remontent à 20 000 ans avant notre ère ! Un de ces délicats bifaces capte d’emblée l’attention en ouverture du parcours, exposé dans une atmosphère tamisée, qui évoque autant les cavernes que les grottes d’où sont extraites ces pierres magiques. Car cette proposition transversale, riche en surprises, où les boules de divination côtoient des reliquaires à couper le souffle et d’autres objets incroyables, est tout sauf une exposition livresque. Au contraire, ce périple trans-historique conçu comme un parcours à tiroirs joue la carte de l’expérience. Ce projet orignal qui fait le pari d’une érudition joyeuse et décomplexée, magnifie en effet 200 œuvres et objets par une scénographie évocatrice, flirtant avec l’onirisme. En s’appuyant sur des pièces sublimes et des dispositifs de présentation, elle réussit ainsi à faire littéralement ressentir la sensation d’élévation spirituelle que les Anciens percevaient dans cette pierre angulaire. Bravo.
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Éblouissant cristal
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Éblouissant cristal