L’abbaye de Saint-Riquier transforme, par un astucieux hiatus, le canal de la Manche en miroir.
« D’une rive, l’autre » réunit quarante-quatre peintres français et britanniques dans la seyante baie de Somme, parmi lesquels Gustave Courbet, Joseph William Turner, Francis Tattegrain, Auguste Delacroix, John Linnell, Samuel Bought et James Webb. Tous éprouvent, au XIXe siècle, un « Désir du rivage » qui les conduit à peindre de pareille manière, selon les termes de l’exposition, « De ruisseau en rivière vers la mer ».
Soixante paysages et scènes de bord de l’eau témoignent d’un tropisme iodé. Huit chapitres relatent ce mouvement au propre comme au figuré, qui est d’une côte à l’autre de toutes les révolutions : politiques, industrielles, sociales et artistiques bien sûr. Ici, les formes de la peinture se diluent plus qu’ailleurs dans les tumultes d’un Grand Siècle, débuté avant l’heure en 1789, et refermé peut-être sur l’Entente cordiale.
Entre-temps, le chemin de fer et le tourisme balnéaire passent à l’épreuve de la peinture en tube. De l’atelier on vient bientôt peindre des plages (Charles Louis Mozin), des falaises (Adolphe Félix Cals et Léon Cogniet), des côtes caillouteuses (Karl Daubigny et Carolus-Duran) et des tapages portuaires (Paul Signac) sur le motif. La mer et ses ondulations, tout autant que la lumière, deviennent l’obsession des artistes qui, comme l’a dit Bachelard au sujet de Monet, ne peuvent pas « rêver au bord de l’eau sans formuler une dialectique du reflet de la profondeur ».
Abbaye de Saint-Riquier, centre culturel, place de l’Église, Saint-Riquier (80), www.ccr-abbaye-saint-riquier.fr
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D’une rive, l’autre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : D’une rive, l’autre