Dufresne l’oriental

L’exposition du Musée de l’Annonciade à Saint-Tropez lève le voile sur une partie de son œuvre oubliée, celle de sa période orientale, la plus chatoyante. Issu d’un milieu très modeste de marins-pêcheurs, Dufresne travaille dès l’âge de 11 ans chez un graveur de médailles. Il est cependant attiré par la peinture ; il peint au pastel des scènes de café-concerts, de guinguettes de banlieues. En 1910, il gagne le prix d’Afrique du Nord et obtient un séjour de deux ans à la Villa Abd-el-Tif d’Alger, sorte de Villa Médicis, mais plus ouverte à la modernité.

Jusqu’alors Dufresne était le peintre de la faune parisienne ; l’Algérie va en faire plus qu’un peintre de l’orientalisme, elle va jouer le rôle d’un catalyseur et libérer en lui ce besoin d’exotisme poétique qu’il ne soupçonnait pas. Le séjour dans ce pays aux sites et aux mœurs nouveaux satisfera pleinement son amour du pittoresque. Il abandonne le pastel trop fragile sous ces contrées pour l’aquarelle et la peinture à l’huile. Sous la lumière crue qui dissout la couleur, il substitue à sa conception impressionniste de la peinture une vision plus décorative, où les formes se traduisent en taches de couleurs intenses. 
À partir de 1912, il retourne dans le Sud de la France et s’installe à La Seyne dans une maison ornée d’un unique palmier. Entouré de ses souvenirs de voyage, il continuera de nourrir son appétit d’exotisme en peignant d’imagination ce qu’il a vu en Algérie. Il peint dans une manière ample et vigoureuse des  tableaux que ne renierait pas un Delacroix : paysages algériens, scènes d’intérieur, scènes de chasse présentés dans le cadre de cette exposition.