Si Jean-Baptiste Wicar (1762-1834) a pu être considéré comme un pillard, il était aussi un dessinateur habile. Les dessins et tableaux exposés au Palazzo della Penna de Pérouse rendent hommage à cet artiste français arrivé en Italie à la suite de David et chargé par Napoléon de réquisitionner des œuvres d’art.
Pérouse (de notre correspondante) - Cynique, avide et arrogant, lorsqu’il n’est pas ignoré par la critique, Jean-Baptiste Wicar a payé cher les conséquences de sa contribution aux pillages du patrimoine artistique italien sous la Révolution. Présentée au Palazzo della Penna, une exposition restitue à l’artiste sa juste place dans le panorama artistique transalpin et met en exergue son style parfois désinvolte. Arrivé pour la première fois en Italie à l’automne 1784 dans la suite du maître Jacques-Louis David, appelé à Rome pour peindre le Jugement des Horaces, Wicar s’est rendu plusieurs fois à Pérouse, où, en 1825, il termina le Mariage de la Vierge dans une chapelle de la cathédrale. Ce tableau réalisé pour remplacer une œuvre du Pérugin a été réquisitionné par les troupes napoléoniennes, à l’instar du retable avec saint Pierre et saint Paul pour l’église Saint-Pierre. À Giuseppe Caratto, qui était son élève dans la ville ombrienne ainsi que son exécuteur testamentaire, Wicar a légué le corpus de dessins néoclassiques français le plus important qui existe aujourd’hui en Italie. Ce legs a été ensuite cédé par le fils de Caratto à l’Académie des beaux-arts de Pérouse en 1894. Soixante-treize études académiques et esquisses préparatoires, sélectionnées parmi le millier de dessins de l’Académie, sont ainsi présentées pour la première fois au public. Riche d’un fonds important, le Musée de Lille a également prêté vingt et un dessins et deux toiles. Organisée en trois sections, l’exposition documente de façon exhaustive le parcours de l’artiste et celui de l’homme, depuis sa formation jusqu’aux dernières œuvres inspirées par un souffle religieux intense et intimiste. Nombre de dessins de jeunesse offrent un riche témoignage des déplacements de l’artiste en Italie centrale et de l’intérêt qu’il portait à l’étude de l’antique et de l’art italien, des primitifs aux artistes du XVIIe siècle. La seconde partie, “Art et politique”, documente le rôle joué par Wicar au service de la Révolution, puis de Napoléon Premier Consul et enfin de l’Empire. Membre de la commission des Sciences et des Arts, il a été l’un des artistes chargés des réquisitions des œuvres d’art italiennes destinées au Musée central des arts à Paris. Une fois Joseph Bonaparte monté sur le trône de Naples, il fut nommé, sur la recommandation de Canova, directeur de l’Académie des beaux-arts de la ville.
- De Lille À Rome. Jean-Baptiste Wicar (1762-1834) et l’Italie. Dessins de l’Académie des Beaux-Arts de Pérouse et du MusÉe de Lille, jusqu’au 7 avril, Palazzo della Penna, Via Podiani, Pérouse, tél. 39 075 57 33 669, tlj sauf lundi 10h-13h, 15h-19h.
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Du dessin à la réquisition
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°141 du 25 janvier 2002, avec le titre suivant : Du dessin à la réquisition