DOHA / QATAR
Dans les pays du Golfe, les stratégies culturelles se suivent et ne se ressemblent pas. D’un côté, Abu Dhabi annonce dans un roulement de tambour des chantiers pharaoniques. De l’autre, le Qatar crée discrètement des institutions solides mais sans démesure.
Quand l’un doit encore se constituer des collections, l’autre en a initié depuis belle lurette. De fait, après l’ouverture en 2008 du magnifique musée d’Art islamique, le Qatar a inauguré en décembre dernier un musée d’Art moderne arabe baptisé Mathaf. Derrière ce projet, il est un homme, le Sheikh Hassan bin Mohamed bin Ali Al-Thani, qui, en vingt-cinq ans, a constitué un fonds de 6 000 pièces. En 1994, ce collectionneur enthousiaste, également artiste, décide de fonder un musée. « Il veut enregistrer l’histoire des artistes arabes et souhaite que cette collection soit accessible pour aider à la recherche en la matière », explique Wassan Al-Khudairi, directrice du musée. Le bâtiment actuel, une ancienne école réaménagée par l’architecte français Jean-François Bodin, reste provisoire car il ne peut accueillir l’ensemble de cette collection. Ce musée temporaire joue volontairement sur un aspect non fini, avec son entrée constituée d’une suite d’échafaudages. La signalétique très sympathique conçue par l’agence Wolff Olins a de quoi séduire les jeunes étudiants, principale cible de ce musée.
Baptisée « Sajjil », l’exposition inaugurale montre bien à quel point l’histoire de la modernité arabe reste à écrire. L’accrochage, où le meilleur côtoie le pire, n’est pas très éclairant pour un regard extérieur. Faute d’historicité et de hiérarchie, il ne ressort de la visite que des parallèles avec l’école de Paris. « Attendre autre chose que ce qui se produisait en Europe à la même époque relève de l’orientalisme. On ne demande pas à un artiste français de donner quelque chose de spécifiquement français », observe Nada Shabout, curatrice de ce volet.
Orchestré dans un autre bâtiment temporaire situé sur les terres du musée d’art islamique, le volet contemporain baptisé « Told, Untold, Retold » est d’un tout autre niveau. Les vingt-trois commandes passées en 2010 à des artistes d’origine arabe, tels Akram Zaatari ou Zineb Sedira, brillent par leur qualité. Questionnant plutôt la mémoire, toutes évitent l’écueil identitaire. Une chose est sûre, ces commandes placent le niveau très haut et inscrivent un chapitre important dans l’histoire de l’art contemporain dans cette région.
« Sajjil, a Century of Modern Art », musée d’Art moderne arabe, Doha (Qatar), www.mathaf.org, depuis le 30 décembre 2010.
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À Doha, l’art moderne et contemporain arabe, chapitre un
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°632 du 1 février 2011, avec le titre suivant : À Doha, l’art moderne et contemporain arabe, chapitre un