Le Centre culturel de Boulogne-Billancourt présente une importante rétrospective de dix années \"d’art du mobilier\" français, couvrant la période 1986-96. Après l’euphorie des années quatre-vingt, marquées par le phénomène Starck et l’apparition de designers de premier plan, tels Sylvain Dubuisson ou Martin Szekely, cette exposition en forme de bilan semble marquer la recherche d’un second souffle pour le design français.dellu
PARIS. C’est plus un "patchwork œcuménique" qu’une exposition-manifeste, mais l’époque invite sans doute à un tel bilan. Commissaire de l’exposition, Pierre Staudenmeyer directeur de la célèbre galerie Néotu, a pris le parti d’offrir un panorama complet de la production française des années quatre-vingt en matière de mobilier, et non de montrer seulement celle qui marqua emblématiquement cette période. À côté d’œuvres phares – celles de Philippe Starck, bien sûr, mais aussi celles de Martin Szekely ou Pascal Mourgue... –, voisinent des pièces moins significatives – mais néanmoins "séminales", est-il précisé dans le dossier de presse : Épinard bleu, Némo, Totem... –, tandis que sont également, et fort diplomatiquement, réprésentés des designers dont l’œuvre était depuis longtemps déjà consacrée – Andrée Putman, Christian Liaigre... – ou des créateurs étrangers à l’univers du design stricto sensu, comme l’architecte Jean Nouvel, ou le (désormais) grand couturier Jean-Paul Gaultier. À travers cette ouverture, Pierre Staudenmeier a sans doute voulu signifier que le renouveau du design français relevait plus d’un mouvement de fond que d’un épiphénomène de mode. La démonstration n’est cependant qu’à moitié convaincante. S’il ressort un incontestable sentiment de vitalité, il apparaît aussi, dans l’émiettement des tendances et des approches, un manque de cohérence générale, voire une certaine confusion, qui rend problématique le concept même de "design français". Peu de choses en effet relient un meuble conçu comme un "gag" pour collectionneur branché – la table Rocher de Garouste et Bonetti (1983) –, un chef-d’œuvre de travail artisanal – une commode d’André Dubreuil toute en cuivre martelé avec piètement de coléoptère (1990) –, et un produit conçu pour respecter toutes les contraintes liées à la grande diffusion – la chaise Tutti Frutti de Pascal Mourgue (1992). Un cadrage resserré sur quelques œuvres véritablement significatives aurait sans doute mieux servi le propos, en même temps qu’il aurait permis au visiteur une approche moins superficielle. Certaines des pièces présentées le méritaient, mais la conception même de l’exposition impose de "chiner" un peu pour les trouver...
DESIGN FRANÇAIS : L’ART DU MOBILIER 1986-1996, jusqu’au 14 juin, Centre culturel, 22 rue de la Belle Feuille, 92100 Boulogne-Billancourt, tél. 01 47 12 77 95. Entrée libre, tlj sauf dimanche 9h-21h.
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Dix ans de design français
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°37 du 2 mai 1997, avec le titre suivant : Dix ans de design français