Rédigée entre 1250 et 1280 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes, La Légende dorée, qui se présente comme une vaste compilation d’histoires des vies et des martyres des saints mêlés d’épisodes de la vie du Christ, a connu dès sa parution un immense succès. Si l’influence qu’elle exerça sur l’art du Moyen Âge a été considérable et si elle s’est imposée comme une référence iconographique incontournable, elle a joui d’une gloire abusive au regard d’une certaine exactitude hagiographique. Il reste que ce qui en fait l’intérêt est précisément cette façon de « légende », qui plus est « dorée », qu’avoue clairement son titre et qui souligne la part du spectaculaire qui la fonde. Parce que sa lecture interroge le statut de l’image qu’une société produit de ses héros, Pascal Neveux a eu l’idée d’inviter une douzaine d’artistes à travailler à partir de La Légende dorée. Didier Trenet, dont la démarche se nourrit de références à l’histoire de l’art et n’a de cesse de se décliner en pleins et en déliés, en drapés et en arrangements d’objets de toutes sortes, s’est plus particulièrement intéressé au mot « légende ». Les deux œuvres qu’il a imaginées – Relief aux doux saints et Repentirs autour d’une bassine – exploitent les ressources d’une esthétique surannée : ici, aux parfums de vieux flacons (vidés) de vins (saint Joseph, saint Véran, saint Amour) ; là, aux circonvolutions d’un dessin mural fait de fils de fer et de bandes de tissus plissés. Des « images » qui, si elles ne sont pas dorées, ne manquent pas pour autant d’aura.
VRY-SUR-SEINE, Crédac, jusqu’au 28 février.
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Didier Trenet et La Légende dorée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°503 du 1 février 1999, avec le titre suivant : Didier Trenet et La Légende dorée