Empruntant son titre à un sulfureux cabaret ouvert à la fin du XIXe siècle à Montmartre, cette exposition, réalisée par la nouvelle filière « métiers de l’exposition » des Beaux-Arts de Paris (créée par Jean de Loisy, nommé directeur en décembre 2018), s’intéresse aux thèmes, on ne peut plus classiques, de la mort et du néant.
Si le propos, alourdi par de trop nombreuses références, gagnerait à être condensé, fluidifié et clarifié, le défi ambitieux de faire dialoguer art contemporain et chefs-d’œuvre de la collection de l’ENSBA est relevé avec brio. Accueilli par une œuvre de Jean-Michel Alberola constituée d’un néon rouge sang traçant le mot « rien » et reprenant la forme d’un crâne, le visiteur pénètre dans un espace sombre, à la fois lugubre et enchanteur. La scénographie, jouant efficacement de l’alternance entre vide et accumulation, nous plonge dans un univers où se mêlent le sinistre au romantique, le tragique au parodique, le scientifique à l’occulte. Le découpage en trois parties thématiques présentant assez peu d’intérêt, l’exposition s’appréhende aussi bien librement, au gré des liens qui se tissent aisément entre les œuvres. D’Edmé Bouchardon à Hicham Berrada, en passant par Marcel Duchamp, Ann Veronica Janssens ou Pierre Huygue, les œuvres, diverses, d’artistes consacrés (morts ou vivants) dialoguent harmonieusement avec celles, tout aussi variées, d’étudiants (ou anciens étudiants) des Beaux-Arts, dont il convient de souligner la grande qualité. Parmi ces propositions, on retiendra notamment les travaux prometteurs de Damien Moulierac (sculpture), Claire Isorni (installation) et Matthias Garcia (peinture).
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°734 du 1 mai 2020, avec le titre suivant : Dialogues autour du néant
