Pour la première fois, Cécile Reims et Fred Deux sont exposés ensemble : la Halle Saint-Pierre, dédiée à l’art brut et singulier, réunit près de deux cent cinquante œuvres graphiques de ce couple de créateurs inclassables, dont beaucoup viennent du musée de l’Hospice Saint-Roch, à Issoudun, ainsi que de leur collection personnelle.
En 1951, Cécile Reims, originaire de Lituanie, juive qui a vu sa famille massacrée durant la guerre, doit, pour des raisons de santé, quitter Jérusalem où elle s’était installée. De retour en France où elle avait vécu adolescente, elle se passionne pour la gravure au burin. Cette même année, Fred Deux, issu d’un milieu ouvrier modeste, qui a découvert la littérature grâce à son emploi dans une librairie, commence à exposer ses dessins. Proche des surréalistes, il décide de devenir artiste en voyant la reproduction d’un dessin de Paul Klee. En novembre 1951, à la librairie La Hune, l’un et l’autre « tellement différent[e]s », se rencontrent : ils partageront désormais leur vie de créateurs.
C’est cette « ligne de partage » que retrace de manière passionnante la Halle Saint-Pierre. On y (re)découvre les gravures des dessins de Bellmer par Cécile Reims, mais aussi ses gravures des dessins de Fred Deux par lesquelles elle « emporte le monde de Fred dans son propre monde » (P. Watt), un monde de réseaux et de tissus qui portent l’empreinte de son activité de tisserande et de sa maladie, la tuberculose. Durant ses pérégrinations linéaires, Fred Deux rencontre L’Herbier charnel de sa compagne : ses corps contiennent des mondes, ils nous amènent « à ce point un peu plus proche que de coutume de la création » que voulait atteindre Klee.
« Fred Deux, Cécile Reims », La Halle Saint-Pierre, Paris XVIIIe, www.hallesaintpierre.org, jusqu’au 8 mars 2009.
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Deux fois Reims
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°609 du 1 janvier 2009, avec le titre suivant : Deux fois Reims