Des figurations, plusieurs générations et pas mal de questions

À l’Orangerie, c’est un reflet des nouvelles tendances de la figuration en France qui est proposé. L’idée est généreuse, mais la manière de l’orchestrer manque d’une pensée de fond sur la peinture. À la Ferme Ornée, il faut saluer la présence d’œuvres d’artistes historiques talentueux ou atypiques, dont certains auraient mérité une meilleure reconnaissance en France ; des aînés qui ont renouvelé les figurations des années 1950 à 1970, comme Sam Szafran, Jacques Truphémus, Dado, Tibor Csernus, Jean Rustin, Gilles Aillaud, Bernard Rancillac ou Gérard Schlosser. Il est important d’ouvrir la perspective historique pour comprendre la figuration aujourd’hui, mais il aurait fallu établir des liens et soulever des questionnements. Chose que ne permet pas cet accrochage trop chronologique qui se termine avec les scènes figuratives émergentes des années 1980 à 2000. Il aurait également été intéressant de confronter les générations, afin de mesurer les enjeux partagés ou divergents. Quelles singularités générationnelles et quelles transmissions transcendent le temps ? Que reste-t-il des néoclassicismes ou des onirismes réinventés, des aînés aux plus jeunes ? En quoi l’apport des figurations narratives et de la figuration libre résonne-t-il dans l’œuvre de ces derniers ? La diversité des 47 artistes convoqués soulève des questionnements picturaux multiples, différents regards portés sur le monde, qui auraient mérité de tels dialogues afin de mieux comprendre les disparités de fond et de sens de cette peinture actuelle. Actualité que n’éclaire pas non plus l’Orangerie. En choisissant d’exposer les artistes trois par trois, un peu comme une offre promotionnelle, elle ne propose guère plus qu’une vision en surface, réductrice, subjective et disparate. Là encore, une réflexion permettant de tirer les fils de la partie historique aurait été bienvenue.