Si peintres et graveurs l’intègrent depuis toujours dans leurs compositions, certains sculpteurs ont fait de la représentation animale une spécialité, sinon une œuvre. Voici quelques-uns des sculpteurs animaliers les plus réputés…
Edgar Degas
Longtemps confidentielles, les sculptures de Degas (1834-1917) ne furent découvertes qu’à sa mort, dans son atelier alors riche de cent cinquante statuettes en cire. Si l’artiste sculpte, c’est pour mieux peindre. C’est par souci d’exactitude et de précision. À cet égard, la typologie des sculptures est assez mince : de rares études de têtes, des femmes à leur toilette, des danseuses contorsionnées et, enfin, de nombreux chevaux. Degas scrute les mouvements des équidés comme ceux des ballerines, avec tendresse, avec science. Moins animalier qu’anatomiste, il pratique le modelage pour fouiller les chairs, articuler les muscles et en comprendre l’architecture souveraine.
Antoine Louis Barye
Antoine Louis Barye (1795-1875) fut un familier des animaux du Jardin des plantes, qu’il dessina assidûment avec le jeune Eugène Delacroix, son indéfectible ami. Du reste, ce sont ses sculptures animalières qui le rendirent célèbre, et particulièrement ce Tigre dévorant un gavial qui triompha lors du fameux Salon de 1831. Sculpteur romantique par excellence, Barye sut conjuguer une grande virtuosité naturaliste avec un profond sens du drame, faisant de chaque animal – tigre, lion, jaguar – le héros d’une épopée, aussi bien physique que morale. Professeur de dessin de zoologie au Muséum d’histoire naturelle, de 1859 à 1874, il contribua à former de nombreux artistes animaliers.
François Pompon
Il fallut du temps pour que le praticien d’Alexandre Falguière, d’Auguste Rodin ou encore de Camille Claudel en vînt à s’exprimer pour lui-même. C’est en 1888, devant une oie entraperçue, que François Pompon (1855-1933) s’engagea pleinement en tant que sculpteur animalier. Ses envois au Salon seront reconnus tardivement. Pour preuve, ce n’est qu’en 1922, avec son fameux Ours blanc, que Pompon rencontra le succès puis, rapidement, ce qu’il convient d’appeler la gloire. Ses sculptures lisses, aux formes épurées et à la volumétrie simplifiée, sont aisément reconnaissables. Véritables icônes de la figuration animale, elles peuplent aujourd’hui l’imaginaire collectif et les plus grands musées du monde entier.
Rembrandt Bugatti
Ce jour de janvier 1916, au cœur de la guerre, lorsqu’il décide d’ouvrir le gaz, Rembrandt Bugatti (1884-1916) a 31 ans et quelque dix-sept années de sculpture. Fils du créateur de meubles Carlo Bugatti, frère du constructeur automobile Ettore, filleul du peintre Giovanni Segantini, Rembrandt pouvait-il échapper à une carrière artistique, lui dont le prénom était une destinée ? Cet amoureux des animaux fréquenta le Jardin des plantes de Paris avant que ne lui fussent ouvertes les portes du zoo d’Anvers, pour travailler, certes, mais aussi pour soigner les bêtes dont il était devenu un familier. Ces sculptures animalières, à la fois graphiques et nerveuses, portent la trace de cette connaissance et de cette sympathie infaillibles.
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Des animaux plus vrais que nature
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : Des animaux plus vrais que nature