Que représente donc cette « forme » que Denis Pondruel met en jeu dans son travail depuis une douzaine d’années ? Est-ce la figure schématique d’un bateau, d’une ogive, d’un coin, d’un fer à repasser ? En réalité, la « forme » de Pondruel n’est autre qu’un outil plastique, une sorte d’indice, à partir duquel il conçoit des dispositifs visant à réfléchir sur les relations que nous entretenons avec le monde extérieur. S’il fut un temps où cette forme était un volume plein aux formats les plus divers, dans des travaux où le mécanique se conjuguait au spectaculaire, celle-ci a gagné depuis quelques années une présence davantage virtuelle, en se transformant en habitacle évidé. L’exposition d’Amiens en présente notamment deux formulations qui affirment cette dimension architecturale, à travers deux pièces qui replacent la démarche de l’artiste dans un rapport direct au monde du théâtre. Dans Chambre/Istiklal Cad., la « forme » se présente comme une véritable cellule à échelle quasi humaine prolongée par un couloir sinueux dont l’entrée s’ouvre au ras de la surface frontale d’un écran monumental. L’image d’une rue animée d’Istanbul y est projetée en temps réel via Internet occasionnant un puissant télescopage entre l’idée d’un vide et le trop-plein du tout-image contemporain. Présentée dans le hall de la Maison de la Culture, Poncif habitable est une œuvre qui agit quant à elle sur un tout autre registre. La « forme » y a été employée en substitution de l’habitacle intérieur d’une voiture de série, participant de la sorte à dénoncer les effets de conformité ou de mimétisme de notre époque.
AMIENS, Maison de la Culture, 13 janvier-11 mars.
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Denis Pondruel, histoire de forme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°524 du 1 mars 2001, avec le titre suivant : Denis Pondruel, histoire de forme