Musée Dapper

Découvrir l’Angola

Jusqu’au 10 juillet 2011

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 16 décembre 2010 - 387 mots

Dans les vitrines du musée Dapper, les arts de l’Angola déploient leurs formes mystérieuses, menaçantes même car elles expriment une volonté d’agir sur le monde, comme l’annonce le sous-titre de l’exposition « Figures de pouvoir ».

Pouvoirs multiples, pouvoir politique mais aussi, et non des moindres, pouvoirs des ancêtres et pouvoirs spirituels. Les auteurs de ces sculptures, habitants de l’Angola, sont des Chokwe, des Ovimbundu et bien d’autres.

Tout commence vers l’an 1600, avec un héros mythique, Chibinda Ilunga. Plusieurs statues, à l’entrée de l’exposition, proclament sa puissance de grand chasseur aux membres solides, aux mains et pieds surdimensionnés. Appuyée contre sa jambe, un objet de grand luxe, signe de puissance autant que de prestige, une arme à feu a remplacé l’arc traditionnel. Couronnant le tout, le couvre-chef des Chokwe, aux ailes recourbées, confirme sa domination. Il tient à cette puissance et par la suite s’occupera surtout de l’établir dans la durée en instituant la sacralité du pouvoir.

Le pouvoir politique cependant ne pourrait se passer des nombreux pouvoirs spirituels dont les premiers sont ceux des ancêtres. Le devin les appelle au secours en cas de maladie, mais ils se manifestent surtout à l’initiation des garçons durant la mukanda. Dans ce camp retiré en brousse, des hommes figurant les ancêtres préparent les adolescents à leur vie d’adulte. Un déploiement de masques, surmontés pour certains d’une longue corne, et un costume de fibres préservent leur anonymat, gage de leur autorité sur les jeunes.

Ailleurs, des statues bosselées porteuses de charges magiques dans le ventre et la tête sont destinées à être activées par un devin pour obtenir une guérison, résoudre un problème ou intervenir dans un procès. La statue alors peut même prendre un aspect terrifiant. Elle a grandi, hérissée de clous, son bras levé brandit une arme. Chaque pointe de fer rappelle la demande d’un homme qui exige d’être guéri ou vengé d’un ennemi. Il ne retirera le clou qu’après satisfaction.

Mais la vie n’est pas toujours aussi tragique. En marge de ces drames, l’existence quotidienne est évoquée dans l’exposition par des objets familiers, armes et sceptres, tabatières, parures, vases et poteries pour donner une vision complète de la vie en Angola.

Voir

« Angola, figures de pouvoir », musée Dapper, 35 bis, rue Paul-Valéry, Paris XVIe, tél. 01 45 00 91 75, www.dapper.com, jusqu’au 10 juillet 2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°631 du 1 janvier 2011, avec le titre suivant : Découvrir l’Angola

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