NOGENT-SUR-MARNE
Jouer avec l’imagerie traditionnelle de la sorcière pour interroger les égarements et les violences du monde contemporain : réchauffement climatique, libéralisme économique, rejet des différences, voici le programme prometteur proposé par Caroline Cournède, commissaire de l’exposition et directrice de la Maba.
De nombreux textes écrits en lettres blanches sur fond noir accueillent le visiteur : « Chaque mois, depuis la prise de fonction de Donald Trump, plusieurs milliers de sorcières réunissent leurs forces, à la lune décroissante, pour jeter un sort au président », ou « Le PDG de Google a promis qu’il mettra fin à la “clause d’arbitrage” obligatoire, qui fait renoncer les employés à des poursuites judiciaires en cas de harcèlement sexuel ». Hors de ces multiples « vérités » toujours bonnes à lire, des photographies, des dessins, des installations et des vidéos de six artistes – dont cinq femmes – sont sensés proposer de stimulants regards et questionnements sur les égarements humains. Et là, ce n’est pas toujours évident ! Non que les œuvres soient inintéressantes en elles-mêmes. Mais quelle est la relation entre de la vapeur d’eau qui s’échappe d’un chaudron et va progressivement modifier des sacs de ciment posés non loin (Perpetuum Mobile de la Suédoise Nina Canell) et les enjeux écologiques et socio-économiques du XXIe siècle ? Seules les deux vidéos de Marijke De Roover (Belgique) abordent avec énergie des questions relatives à la famille et à l’hétéronormativité, et apparaissent pleinement à la hauteur d’une réflexion ambitieuse sur la brutalité et les dérives du monde contemporain.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Décevante vérité