De Paris à Bel-Air, de Bel-Air à New York

Voilà un peu plus d’un an, la galerie d’Aix-en-Provence nous révélait ce qu’il en avait été de l’importante colonie artistique internée au Camp des Milles et nous invitait à découvrir comment les artistes s’étaient inventés une attitude résistante. Cette année, c’est à la mémoire de Varian Fry, un intellectuel américain chargé en 1940 par le Rescue Committee d’organiser la fuite des artistes bénéficiant d’une possibilité d’accueil aux États-Unis, que l’institution aixoise a décidé de rendre hommage. Jusqu’en 1941, date à laquelle il fut expulsé du territoire français par le gouvernement de Vichy, celui-ci, qui siégeait à Marseille, réussit, en collaboration avec le Centre américain de Secours, à faire partir quelque deux mille personnes parmi lesquelles un grand nombre de figures légendaires du surréalisme. En attente de leur départ, celles-ci s’étaient notamment installées à la Villa Bel-Air y constituant une véritable communauté aux allures de phalanstère. Par delà toutes les difficultés du temps, et comme pour mieux les combattre, Arp, Bellmer, Brauner, Breton, Chagall, Dominguez, Hérold, Lam, Lamba, Masson et bien d’autres encore n’ont cessé en cette attente de multiplier activités et travaux en tous genres : peintures et dessins, création d’un jeu de cartes, dessins collectifs, publications, photographies, etc. La centaine de pièces présentées à Aix-en-Provence, issues de collections tant publiques que privées, témoignent de cette effervescence de la création que rien ne pouvait arrêter. D’autant que l’action salvatrice de Varian Fry participait à conforter les artistes dans l’espoir du lendemain.