La transformation du paysage, au tournant du XIXe et du XXe siècle en France, est le thème central de l’exposition "De Monet à Matisse : la peinture de paysage en France, 1874-1914", proposée par la National Gallery of Scotland du 11 août au 23 octobre.
EDIMBOURG - Charles Péguy, peu avant d’être tué à la guerre, écrivait que le monde avait plus changé durant sa vie qu’il ne l’avait fait depuis les Romains. C’est ce que reflète la campagne française de l’époque, dotée enfin d’un réseau de routes, de voies ferrées et de canaux, qui permet aux citadins de se rendre aisément en banlieue ou en province.
Richard Thomson, professeur d’Histoire de l’art à l’université de Manchester, et Michael Clarke, conservateur en chef de la National Gallery – organisateurs de l’exposition –, ont privilégié trois thèmes : les représentations d’un paysage ou d’un lieu particulier ; le paysage support de l’imagination ; et enfin les catégories traditionnelles – panorama, nocturne, séries de paysages.
Cette approche permet de juxtaposer les œuvres d’artistes que l’on sépare pour des questions de style ou d’école, et de montrer comment s’est exercée l’influence des impressionnistes sur leurs successeurs.
Quatre-vingts toiles ont été prêtées par des collectionneurs ou des musées, dont la National Gallery de Washington, l’Ermitage, le Fitzwilliam Museum, le Rijksmuseum et le Musée d’Orsay. On notera la présence de Paysage avec deux figures de Picasso, venu de Paris, de Train et péniches de Bonnard, conservé à Saint-Pétersbourg, et de Paysage marocain de Matisse, prêt du Musée de Stockholm. Un colloque d’une journée aura lieu en octobre.
Les paysagistes, témoins de leur temps
Selon Richard Thomson, "l’opposition entre conservatisme et avant-gardes successives" n’a pas été reprise. L’exposition situe "les paysagistes dans un environnement culturel marqué alors par l’importance symbolique de l’Alsace-Lorraine, la dépopulation des campagnes et le développement industriel".
Dans l’introduction du catalogue de l’exposition, Richard Thomson montre comment cette évolution démographique et sociologique se traduit en peinture, mais souligne les dangers d’un rapprochement trop étroit entre les modifications de l’environnement et la production artistique. Il est rare, par exemple, que les peintres fassent figurer le matériel agricole, introduit pourtant dès 1850. Sur 1300 paysages de Pissarro, seulement quatre comportent des machines agricoles.
Edimbourg, National Gallery of Scotland.
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De Monet à Matisse
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°6 du 1 septembre 1994, avec le titre suivant : De Monet à Matisse