Ancien bâtiment militaire, puis centre de loisirs, l’Aubette 1928 est le témoignage direct des utopies d’avant-garde des années 1920.
En mêlant art et architecture, les artistes Theo Van Doesburg, Jean Arp et Sophie Taueber-Arp, sollicités en 1928 pour décorer l’intérieur du bâtiment, créent une œuvre d’art totale, dans le droit fil du mouvement néerlandais De Stijl. C’est cet héritage mêlé d’utopie et d’avant-garde propre aux années 1920 que se propose d’interroger l’Aubette 1928 et le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, à travers les œuvres de dix artistes contemporains. En écho aux « hétérotopies », concept forgé par Michel Foucault pour désigner ces utopies concrètes en marge de l’espace public, les œuvres de Farah Atassi, Xavier Veilhan, Ryan Gander ou Edi Rama se réapproprient les codes de ce mouvement novateur. Si le sujet est passionnant, il est également ambitieux et aurait mérité une exposition de plus grande ampleur pour aborder la vitalité des avant-gardes. Pourtant, la pièce monumentale de Ryan Gander constitue une belle entrée en matière de l’exposition. Avec humour, l’artiste détourne une pédagogie pour apprendre l’arithmétique en une composition murale digne du peintre russe El Lissitzky (1890-1941). Dans une autre approche, la vidéo d’Anri Sala retrace l’initiative d’Edi Rama, un artiste devenu maire de Tirana, en Albanie, dans son projet de colorer les façades de la ville après la chute du communisme. Mais le reste du parcours offre une visite un peu décevante sur l’échec des innovations en architecture à travers la construction des grands ensembles. Enfin, au risque d’offrir à chacune des œuvres un grand espace de respiration, l’exposition manque de liant et fige les pièces dans un propos démonstratif, très éloigné de l’esprit jubilatoire des avant-gardes.
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De l’utopie au désenchantement
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Abonnez-vous dès 1 €Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, 1, place Hans-Jean-Arp, et Aubette 1928, place Kléber, Strasbourg (67), www.musees.strasbourg.eu
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°699 du 1 mars 2017, avec le titre suivant : De l’utopie au désenchantement