« Nous y sommes arrivés ! Pieter de Hooch est de retour chez lui, à Delft. » Visiblement émue, Janelle Moerman, la directrice du Musée Prinsenhof, avait bien du mal à dissimuler sa satisfaction face au parterre de journalistes internationaux venus assister au retour triomphal de l’enfant du pays.
Et l’on comprend aisément sa satisfaction, et sans doute sa fierté, d’organiser enfin aux Pays-Bas la première rétrospective consacrée à ce géant du Siècle d’or. Une grande première mais, sans doute hélas aussi, une dernière, tant les expositions d’envergure d’art ancien sont devenues prohibitives pour les musées de taille moyenne. Et ce n’est pas faire offense au Prinsenhof, plus identifié au demeurant comme musée historique que de beaux-arts, que de reconnaître qu’orchestrer une telle rétrospective relève pratiquement de l’exploit pour un établissement de sa trempe. Le lieu, qui ne possède a fortiori aucune œuvre du maître, a en effet réussi à faire revenir une trentaine d’œuvres dans la ville où elles ont été peintes au XVIIe siècle. Il a donc fallu négocier âprement auprès des prêteurs : la reine Elizabeth II, la National Gallery of Art de Washington ou encore le Musée Thyssen-Bornemisza pour qu’ils se séparent de leurs chefs-d’œuvre, notamment des emblématiques scènes de genre sises dans une cour – un motif inventé par De Hooch. Dans cette entreprise titanesque, le musée avait toutefois deux atouts dans sa manche : le soutien du Rijksmuseum et, surtout, la mise sur pied d’une extraordinaire campagne de recherche. Un programme pluridisciplinaire comprenant six volets : archives, histoire de l’art, imagerie scientifique, etc. Là encore une démarche inédite qui permet de mieux connaître et comprendre cet immense peintre, moins connu du grand public que son compatriote Vermeer, mais extrêmement prisé par les amateurs et les collectionneurs. En un mot comme en cent : amoureux du Siècle d’or, courez-y, c’est littéralement le genre d’exposition que l’on ne voit qu’une seule fois dans sa vie.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : De Hooch, son retour triomphal à Delft