PARIS - De par leur fragilité, les manuscrits enluminés sont des œuvres soumises à des règles de conservation très strictes selon la règle des trois mois/trois ans –”¯l’œuvre peut être exposée seulement trois mois tous les trois ans.
L’exposition que la Bibliothèque nationale de France (BNF) consacre actuellement aux manuscrits flamands du XVe siècle revêt donc un caractère exceptionnel. Le parcours se concentre sur une période considérée comme un véritable âge d’or pour la miniature « flamande », terme consacré pour qualifier les productions artistiques d’un territoire progressivement unifié par les ducs de Bourgogne et qui correspond à l’actuelle Belgique et au nord de la France. Chronologiquement, il s’étend de la dynastie bourguignonne, à partir de 1404, début du règne de Jean sans Peur, à 1482, date de la mort de Marie de Bourgogne, la dernière héritière de la lignée.
Pour aborder cette époque d’effervescence artistique, l’institution parisienne s’est associée à la Bibliothèque royale de Belgique. Ensemble, les deux établissements ont conçu deux parcours complémentaires dont les œuvres sont réunies dans un catalogue commun. L’institution bruxelloise a ouvert le bal à l’automne ; c’est au tour de la BNF de dévoiler d’autres chefs-d’œuvre du genre. La démonstration commence avec La Vie de sainte Catherine d’Alexandrie, manuscrit inédit acquis par la BNF en 2011, illustré par le peintre Simon Marmion, grand favori de la cour de Bourgogne. Une première partie historique évoque l’importance du mécénat littéraire, les bibliophiles de la Cour ainsi que la technique et les spécificités des divers ateliers de production. Puis, les principales figures de la miniature flamande sont présentées dans une « galerie d’artistes » qui, entre attributions et réattributions, fait état des avancées de la recherche dans un domaine où l’anonymat est de mise.
Aux côtés des artistes anonymes émergent ainsi les figures de Willem Vrelant, dont l’abondante production suggère l’existence d’un atelier, Jean Le Tavernier, l’un des enlumineurs favoris de Philippe le Bon, ou encore Loyset Liédet dont le style évolua au gré de sa carrière. Sans oublier le Maître d’Antoine de Bourgogne, réputé pour ses œuvres d’une grande virtuosité où il évoque les éléments plus qu’il ne les décrit, et le Maître de Marguerite d’York, au style libre et spontané. Seul regret : la scénographie n’est pas parvenue à trouver de solution satisfaisante eu égard aux règles de présentation très strictes qu’impose ce genre d’ouvrages. Si bien qu’il est parfois difficile de les apprécier dans le détail.
Jusqu’au 10 juin, Bibliothèque nationale de France - site François-Mitterrand, galerie François-Ier, quai François-Mauriac, 75013 Paris, tél.0153794949, www.bnf.fr, tlj sauf lundi, 10h-19h et 13h-19h le dimanche. Catalogue, 463 p., 49 euros, ISBN 978-2-7177-2499-8.
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De grandes miniatures
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Abonnez-vous dès 1 €MINIATURES FLAMANDES
- Commissariat : Ilona Hans-Collas et Pascal Schandel, BNF
- Nombre de manuscrits : 90
- Scénographie : Véronique Dollfus
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°369 du 11 mai 2012, avec le titre suivant : De grandes miniatures