De fer, d’argent et de laiton

Formés de bras de fer épais supportant un plateau peuplé de petites figures humaines ou animales duquel plongent des pendentifs finement ouvragés, les asen proviennent principalement des royaumes ashanti du Ghana, aja et ewe du Togo, fon, hueda et ayizo de la République du Bénin et yoruba et edo (royaume du Bénin) du Nigeria. Le Musée Barbier-Mueller conserve une belle collection de ces pièces. Une cinquantaine d’entre elles sont dévoilées dans son exposition « Asen, Mémoires de fer forgé ». « À la cour d’Abomey, capitale du royaume fon du Danhomè, chaque roi et sa kpojito (femme le personnifiant après son décès) avaient droit à leur propre asen », souligne Suzanne Preston Blier, professeure d’études africaines et afro-américaines à l’université d’Harvard, dans le magnifique catalogue Asen, mémoires de fer forgé qui accompagne l’exposition [Ides et Calendes, 29 €]. Sorti au cours des coutumes anciennes, l’asen était planté en terre près des cases des rois défunts où le crâne de ces derniers était placé. Les asen de la collection Barbier-Mueller peuvent être classés en cinq groupes artistiques. « Quatre, situés à Ouidah, sont dominés par le travail du fer, et le cinquième à Abomey, où coexiste également le travail du laiton et, plus rarement, de l’argent. Les œuvres de Ouidah datent de la seconde moitié du XIXe siècle et du début XXe ; celles d’Abomey remontent, elles, au XXe siècle », glisse Suzanne Preston Blier.