Le sous-titre de l’exposition consacrée à la photo judiciaire « Corps et décors du crime, 1860-1930 » ne dissimule rien de son contenu. Ces images qu’aujourd’hui l’on ne saurait plus diffuser sous peine de poursuites, aussi bien par la famille des sujets que par le Parquet, furent longtemps rendues disponibles auprès de certains organes de presse, afin sans doute de servir à l’édification des masses quant à l’horreur du crime et à sa répression. Images d’assassins patibulaires, mais qui ne le paraîtrait pas sous le délicat éclairage des opérateurs de l’identité judiciaire ? Images de victimes, sur le lieu du crime, photographiées sans états d’âme par des policiers peu soucieux de dramaturgie. Images de la violence ordinaire, occultée ailleurs, ici archivée pour les besoins de l’enquête... La photographie n’aura pas attendu longtemps pour se mettre au service de l’autorité, puisque dès 1850, soit une dizaine d’années après la date de sa naissance officielle, les services de police s’en servent pour mettre en fiches les individus dangereux. Mais c’est le préfet Bertillon qui, à partir de 1879, va codifier le système, selon un véritable rituel de prises de vue, de face, de profil, la pancarte chiffrée au tour du cou, véritable marquage signalétique encore en usage, en attendant le moderne fichage ADN. Ce défilé de portraits un peu glabres révèle parfois des surprises amusantes. Ainsi apprend-on qu’en 1926, au sein d’une bande de voleurs d’automobiles figurait un certain Renault...
PARIS, Hôtel de Sully, jusqu’au 26 mars.
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De face et de profil
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°514 du 1 mars 2000, avec le titre suivant : De face et de profil