Le vampire, ce fantôme ou « non-mort » qui suce le sang des vivants la nuit, est à l’honneur à la Cinémathèque dans une exposition pluridisciplinaire montrant combien cette créature légendaire, popularisée grâce au comte Dracula, a hanté non seulement le cinéma depuis ses débuts – le premier vampire cinématographique célèbre fut le Nosferatu (1922) de Murnau –, mais également la littérature, la BD, les arts plastiques et, plus récemment, la série télé.
Homme ou femme, mort-vivant sanguinaire ou icône ténébreuse et sexy, le vampire, qu’il apparaisse sous les traits de Christopher Lee, Béla Lugosi, Catherine Deneuve, David Bowie, Johnny Depp ou encore Robert Pattinson, s’épanouit magistralement ici, sous des lumières tamisées transformant le parcours en un jouissif cabinet de curiosités nous invitant à nous questionner sur l’inquiétude de l’au-delà, la fascination érotique pour le monstre et le mystère du sang. Bien sûr, le cinéma, indissociablement lié aux vampires en ce sens qu’il est « l’art de laisser revenir les fantômes » (Derrida), est parfaitement représenté, à travers la présence de nombreux objets fétiches, affiches, archives et extraits de films signés par des grands (Feuillade, Dreyer, Polanski, Herzog, Coppola, Ferrara, Burton…), défilant dans les diverses sections du circuit. Mais les organisateurs de cette expo-somme savoureusement cauchemardesque, Matthieu Orléan et Florence Tissot, ont aussi eu l’intelligence de laisser le septième art se faire vampiriser par des artistes issus d’autres médiums, tels Charles Matton, Philippe Druillet, Clovis Trouille et Claire Tabouret, afin d’accroître encore plus le pouvoir d’attraction du vampire sur nous. In fine, cette expo thématique est à sang pour sang réussie !
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : Dans l’ombre des vampires