Dans le secret des cabinets de dessins

L'ŒIL

Le 1 mars 2005 - 815 mots

Dans le cadre de la Semaine du dessin, une dizaine de musées et d’institutions proposent des manifestations autour de leurs collections d’arts graphiques. Voici les événements à ne pas manquer.

En parallèle au Salon du dessin (cf. p. 102-104), une dizaine de musées et d’institutions participent à la sixième édition de la Semaine du dessin placée sous le signe des « cabinets de dessins – cabinets de travail ». Avec des habitués – Le Louvre, le musée Condé à Chantilly...– mais aussi quelques nouveaux comme la Manufacture nationale de Sèvres, qui présente un choix de dessins issus de ses collections, un ensemble d’études d’après nature de Desportes, des feuilles admirables de Redouté ou encore les compositions stylisées de Brongniart.

Soyons honnêtes, toutes les manifestations organisées dans le cadre de la Semaine du dessin ne sont pas incontournables. Certains musées profitent de cette occasion pour « créer un événement » autour de quelques dessins sortis de leurs réserves. D’autres en revanche offrent de vraies expositions – Lindner au musée de la Vie romantique, cf. p. 20 – ou l’occasion unique de découvrir des collections peu ou jamais exposées. La Bibliothèque nationale de France (site Richelieu) propose à travers une visite guidée de la réserve précieuse du département des Estampes et de la Photographie de dévoiler la collection de dessins du peintre, aquafortiste et collectionneur Eugène Béjot (1867-1931). L’institution conserve huit cents feuilles signées de la main de l’artiste – gravures, aquarelles et dessins –  ainsi que des pièces importantes de Millet, Isabey, Puvis de Chavannes, Steinlen, Raffaelli, Helleu, Bracquemond, Jongkind...

En parfaite adéquation avec le thème retenu cette année, l’École nationale des beaux-arts inaugure son nouveau cabinet des Dessins Jean Bonna-collection Mathias Polakovits. Ce dernier a fait don en 1987 de ses dessins français du XVIIe et du XVIIIe siècle. Riche d’environ trois mille feuilles – dont beaucoup de paysages –, cet ensemble constitue l’une des plus importantes collections privées de France. Selon la volonté du donateur, ces dessins sont régulièrement présentés au public par le biais d’expositions temporaires et thématiques (l’exposition « Boucher et l’art rocaille » à l’Ensb-a en 2003). Il manquait un lieu privilégié pour exposer de façon permanente les différentes facettes de cette collection. Grâce à la générosité du collectionneur Jean Bonna, s’est ouvert en janvier dernier dans le palais des études un nouveau lieu de consultation – destiné en particulier aux étudiants et aux chercheurs – et d’exposition. « Le Paysage en France au xviiie siècle » inaugure cet espace en montrant des œuvres de Boissieu, Challe, Fragonard ou Hubert Robert.

Le nouveau cabinet d’Arts graphiques d’Orsay
Pour rester dans le XVIIIe, une visite s’impose au musée Jacquemart-André qui dévoile une partie du fonds Chennevières – Watteau, Boucher, Lancret et Pater –, jamais présenté au public pour des raisons de conservation. Puisant dans les richesses de son département d’Arts graphiques, le Louvre rassemble dans les salles du pavillon Mollien les dessins naturalistes et minutieux de Jacopo Ligozzi (1550-1627), dessinateur à la cour des Médicis, tandis que le musée d’Orsay complète son exposition de peintures consacrée au néo-impressionnisme (cf. p. 34-43) par des dessins de Seurat, Signac et de leurs amis. Orsay inaugure par cette présentation son cabinet d’Arts graphiques, dont l’accrochage sera renouvelé tous les trimestres, conformément aux règles de conservation et de présentation des dessins. Grand habitué des expositions de dessins, le musée Condé, à Chantilly, propose une évocation de l’histoire de sa collection composée de plus de deux mille cinq cents œuvres d’artistes aussi prestigieux que Raphaël, Primatice, Michel-Ange, les Clouet – plus de trois cent cinquante portraits ayant appartenu à Catherine de Médicis –, Poussin, Dürer, Ingres, Delacroix ou Rubens.

Même s’ils n’entrent pas dans le programme de la Semaine du dessin, mentionnons également deux autres expositions prometteuses : celle des dessins de Victor Hugo, en sa demeure place des Vosges, et l’intéressant projet commun au Centre Pompidou et au Louvre de mettre en regard, dans les deux lieux et sous le titre « Comme le rêve le dessin », les arts graphiques contemporains et le dessin ancien.

PARIS (75), SÈVRES (77) et CHANTILLY (60), Semaine du dessin, 14-20 mars. Rens. musée du Louvre, tél. 01 40 20 53 17 ; musée d’Orsay, tél. 01 40 49 48 14 ; musée Jacquemart-André, tél. 01 45 62 11 59 ; Manufacture nationale de Sèvres, tél. 01 45 34 34 00 ; musée Condé, tél. 03 44 62 62 62 ; Ensb-a, tél. 01 47 03 50 00 ; Centre Pompidou, tél. 01 44 78 12 42 ; Bibliothèque nationale de France, tél. 01 53 79 83 08 ; maison de Victor Hugo, tél. 01 42 72 10 16. Pour avoir le programme complet des manifestations, consulter le site www.salondudessin.com. En plus des expositions, des visites guidées et des conférences sont organisées dans la majorité des lieux. Inscription obligatoire au 01 45 22 61 05 à partir du 15 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°567 du 1 mars 2005, avec le titre suivant : Dans le secret des cabinets de dessins

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